jeudi 30 avril 2009

Les rêves mentent-ils ? Épisode 53

Je m’endors dans une dense forêt en tant que militaire portant un long anorak vert kaki. Je suis assis dos à un arbre au large tronc. Je suis légèrement armé, d’un simple révolver. Si je me trouve ici et maintenant, c’est qu’un tireur d’élite cherche à m’abattre. Je me souviens de la fusillade, qui a eu lieu dans un épisode précédant avec une fin cliff hanger, incertain de ma survie. Finalement, je suis parvenu à me mettre « à l’abris ». A couvert ; dirons-nous. La fusillade s’est calmée et un duel de patience s’engage entre mon adversaire invisible (mais que je connais personnellement) et moi-même. Le ciel forestier verse sur moi une fine pluie fraîche qui se mêle à ma sueur et à mon adrénaline. Il est bien sûr hors de question que tout finisse ici et que j’attende une aide extérieure improbable.
Je m’élance le plus silencieusement possible vers un autre arbre. Les quelques mètres parcourus me semblent une éternité. Arrivé à destination sans avoir essuyé de tir, je m’assois derrière cet arbre au tronc encore davantage épais. Mon esprit se remet alors à fonctionner de manière moins animale. Ce que je viens de faire est un jeu à quitte ou double. J’ignore en effet où se trouve le tireur ni de quel angle il a usé pour ouvrir le feu sur moi. J’ai présumé qu’il se trouvait en face de mon précédant refuge mais rien n’est moins sûr, il a très bien pu être décalé ou encore s’être déplacé depuis. Quelques secondes centenaires s’écoulent de même que les calculs dans mon cerveau. Il peut se déplacer… Et s’il n’a pas tiré, c’est que cela ne lui était pas facile de me toucher. Il y a de fortes chances pour que ma première idée fût la bonne : mes arbres s’interposent entre lui et moi. Ce qui implique deux choses. La première est que je suis hors de portée à l’heure instantanée. L’autre conclusion est que je si je m’enfuis droit devant moi, il ne pourra me toucher qu’il soit toujours en embuscade ou qu’il se déplace. Ma pensée explore en un éclair la fenêtre des possibles imprévus, puis je juge le seuil de risque négligeable. Je range mon arme et profite que l’adrénaline ne soit pas totalement descendue pour prendre la tangente. Je détale à toute allure comme un lièvre. Je parviens assez promptement à l’orée de la forêt. Etrangement, un panneau stop se trouve non loin, au bord d’une longue avenue de campagne caillouteuse. Il aurait été un peu moins illogique que ce fusse un panneau sens interdit, mais il me semble bien que c’était un stop. Pas de quoi m’arrêter en tout cas.

Je me mets à courir à demi retourné vers l’orée du bois, le révolver armé et en joue. Hors de question de prendre le risque qu’on tire dans mon dos.
Ayant remonté l’allée d’une grosse centaine de mètres de longueur, je tourne momentanément le dos pour dépasser la barrière qui sépare ce sentier champêtre de la voierie goudronnée. Jetant un nouveau coup d’œil vers le bois, je distingue une silhouette. Je me remets dans un reflexe en position pour tirer, et le coup de feu part tout aussi vite. Je fronce les sourcils, comme si ma vue était troublée. Félicitations Baptistisime, vous venez de tuer un panneau stop.

Au bord de la chaussée, plusieurs voitures sont stationnées. Une d’elle démarre (me fuyant ?) alors que je lui adresse un signe du pouce orienté dans la direction opposée (pour faire du stop). Le véhicule disparait au loin. ENCULE. Je continu la marche quand une voiture auto-école me dépasse. Je retente ma chance et obtiens gain de cause. Assez étrangement, une seule personne au volant, une petite vieille souriante aux cheveux blancs. Elle me conduit très gentiment et papote. Je m’étonne qu’une personne aussi âgée passe son permis (mais peut être est-elle monitrice). A ma demande, elle me donne son prénom : Amandine. Je m’efforce de me montrer souriant et bavard : nul besoin ni de dévoiler ni mon identité, ni ma situation, ni mon stress. Je prends par intermittence le volant de droite dans les virages de ce qui semble être une route bordant un relief de bord de mer. Je guide ma chauffeuse et me retrouve au 31 allée de la Navarre à Anglet, du côté de la grande pelouse. Je descends et salue Amandine de la main. Quelques instants plus tard, une voiture vient se garer le long du même trottoir. Les vitres teintées ne me permettent pas de distinguer le(s) occupant(s). Je me précipite à la porte avant droite et pointe mon arme vers l’intérieur de la voiture. Mais à bord, il n’y a qu’un couple de petits jeunes qui se payent ma tête avant de repartir en riant.

Je me dirige, incongru, vers la porte d’entrée, située sur le côté perpendiculaire de la propriété. Une autre voiture vient me dépasser et s’arrêter devant moi, quatre personnes à son bord. Je cherche mon arme de ma poche, épouvanté, alors que le passager arrière droit s’apprête à descendre de voiture. Peut être pour me tirer dessus. Je fais le cow-boy, la main poussant le pan droit de mon manteau pour chercher un révolver qui n’est bien sûr pas de ce côté-ci de ma ceinture, puisque je suis gaucher. Je rigole intérieurement de ma propre maladresse, avant de pousser le bon pan de mon manteau et poser une main rassurée sur mon arme, paré à me défendre. Mon adversaire apparait alors, il s’agit de S.P. Ouf, rien de dangereux, de la famille juste. Je reconnais alors son mari, E.P. , mon cousin R.P. enfant du couple à la place du mort et mon père qui conduit.

Je me détends et vois alors une image d’avenir où je distingue le visage de mon poursuivant profitant que je sois désarmé pour m’assassiner en face à face (alors que je dors me semble t-il). Je ne serai donc jamais tranquille. A cause de ma fuite, je vivrai toujours dans l’angoisse que mon ennemi m’abatte, moi ou ma famille. Mon seul médicament contre cette maladie chronique sera de ne jamais plus sortir sans mon flingue, ma nouvelle assurance-vie. Traitement à vie.

La seconde partie de cette nuit pleine de visions dérangeantes me vois dans une pièce sombre et inconnue où la seule vraie source de lumière est mon écran d’ordinateur. Je revis alors la vidéo visionnée la veille (19/04/2009) sur un site de social networking, intitulée « les filles et le sexe ». On y voyait une JF masque témoigner sur ses propres pratiques. Elle y racontait collectionner les amants d’un soir, se considérer elle-même comme un bout de viande que l’on transperce et aimer jouer le « rôle du connard qui rappelle pas », adepte du coup d’un soir donc. Le documentariste en voix off de conclure : « En se conformant aux modèles des films X, les femmes ont trouvé un moyen de prendre le pouvoir sur les hommes ».
Je suis alors hanté par des flashbacks où je me rappelle le paradoxe qui m’avait frappé chez MC². A savoir son ras le bol « des connards et des histoires sans lendemains » assorti d’une envie manifeste d’une relation un peu durable et d’un autre côté une insatisfaction chronique. Ce paradoxe qu’on pourra éventuellement mettre sur le compte d’une exigence démesurée (et donc insatiable) mais plus probablement une immaturité avérée (et plus probablement encore une conjugaison des deux) réveilla en moi des angoisses passée, un sentiment d’impuissance et d’un profond sentiment de gâchis.

Viennent alors de tendres visions de M.D., mon actuelle avec qui je suis très bien, mais qui ne dissipent pas le malaise. Malaise qui après interprétation, doit émaner davantage d’un manque de confiance envers les femmes et une appréhension des relations HF dans ce qu’elles ont d’incontrôlables et d’aliénantes dans mon imagerie personnelle. Malaise qui vire vite à l’angoisse. Ces pensées que je formulais éveillé et conscient il y a encore quelques semaines plus tôt viennent maintenant me pourrir pendant le sommeil. Elles sont aussi toxiques qu’inutiles, et bien qu’endormi, je décide de me rebeller contre elles. Et je le ferai avec pragmatisme et réflexion. Les « défauts » éventuels des femmes et ce qu’elles font de leurs vies est leur problème et non le mien. Il ne m’appartient pas de juger, seulement de composer avec. Voilà ce que je me dirai très prochainement. Dans l’heure, la tension insupportable m’éveille. Ouf, dans deux heures, je pourrai en parler à mon psychiatre.

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