jeudi 30 avril 2009

Les yeux plus gros que le ventre

Mon plaidoyer CONTRE la croissance et CONTRE la natalité.

Il faut savoir faire la part des choses entre le syndrome de Peter Pan et celui de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Bien sûr, grandir est important, atteindre sa taille adulte une saine ambition et surpassement, progrès et envie d’aller de l’avant de bons mots. Cependant, il faut savoir s’arrêter avant d’exploser comme la grenouille de la fable.

Toujours vouloir repousser les limites devient dangereux si l’exercice est poussé au-delà de certaines lois de l’Univers. Les expérimentateurs d’alcools, drogues et substances illicites ne pourront jamais (malgré « l’entrainement ») outrepasser les quantités que leurs corps n’est physiologiquement pas capable d’absorber. Les scientifiques ont déjà calculé la vitesse maximale d’un coureur de 100 mètres et la longueur qu’un sauteur ne dépassera jamais en un bond. Ces records imbattables sont conditionnés par les lois de la physique mécanique. La croissance humaine, quels que soient les efforts investis dans l’optimisation de la production, la gestion de la redistribution et du plein emploi, cette croissance sera toujours limitée par des ressources naturelles elles-mêmes limitées.

La conception linéaire et positiviste qu’a l’Homme de l’existence est par ailleurs une illusion. Croire que nos enfants auront un vécu plus heureux et plus facile est une douce utopie car l’Histoire est circulaire et non linéaire (contrairement à une vie humaine). Les peuples, comme les espèces d’ailleurs sont voués à connaître apogée et décadence, croissance et récession. Ne serait-ce que parce qu’à un moment, les civilisations n’ont plus les ressources matérielles pour maintenir leur niveau en l’état.

Une fois le haut atteint, il faut redescendre avant de pouvoir remonter. C’est la logique sinusoïdale. C’est comme la respiration. On inspire, et quand les poumons sont pleins à craquer, on expire. C’est lâcher du leste pour mieux reprendre de l’altitude. C’est l’apoptose, suicide organique des cellules séniles afin de bâtir un organisme jeune.

En fait, le fait que l’on veut à tout prix voir la vie de l’espèce humaine comme une ligne droite traduit une forme de crainte de la mort. Ce n’est pas de la générosité si l’on bataille pour un monde meilleur pour nos héritiers. Mais pour tenter de donner un sens à nos vies et laisser une trace qui nous survive. Soit un mobile plutôt individualiste et égocentrique.

Le 26/04/2009 :
Pour dire vrai, les humains pullulent comme des moisissures sur de la nourriture laissée à l’abandon. Et si ça continue, la place et les nutriments viendront à manquer sur cette tartine avariée qui semble inépuisable.
Les vieux reflexes que sont l’instinct de procréation et celui de grandir à tous prix, à manger le plus possible, vont conduire inexorablement à la surpopulation humaine. Car l’humain est un super prédateur, qui a pour seuls prédateurs les tueurs en série (l’Homme est un loup pour l’Homme) et les virus. Les premiers se faisant rares et les seconds étant peu à peu victimes de la médecine et des politiques hygiénistes humaines.

La survie et la réussite sont les pires menaces qui pèsent sur l’Humanité. Pourtant cette dernière pourrait limiter sa population et ses besoins avec un peu de bon sens, en faisant un peu fumer leur cerveau, ce bout de viande dont elle est si fière. Je me suis dit une fois dans le métro lillois :
« Font chier les roms, arrêtez de vous reproduire pour pondre des mendiants.
Quelle idée de faire des gosses sans pouvoir les élever et les aider après leur naissance. Je trouve cela bien cruel et égoïste, d’infliger ce monde dangereux et surpeuplé à un être humain sans lui donner les armes pour s’en sortir et les moyens de profiter pleinement de ce que la vie a à offrir. C’est comme offrir une voiture sans essence et sans ressource. Misère du monde. »

A croire au final que la raison et l’esprit citoyen sont moins forts chez l’homme que l’égoïsme et l’envie de se multiplier comme des bactéries.
Je n’ai pas vraiment de solutions pour conclure ce papier. Un début de progrès serait d’apprendre non pas à se satisfaire de ce que l’on a, mais surtout de renoncer à ce que l’on ne peut avoir. Et de se dire que la qualité doit l’emporter sur la quantité. Crachons sur les démarches d’ivrogne et tout cela sera un peu plus propre dans notre monde et dans nos têtes.

Les rêves mentent-ils ? Épisode 53

Je m’endors dans une dense forêt en tant que militaire portant un long anorak vert kaki. Je suis assis dos à un arbre au large tronc. Je suis légèrement armé, d’un simple révolver. Si je me trouve ici et maintenant, c’est qu’un tireur d’élite cherche à m’abattre. Je me souviens de la fusillade, qui a eu lieu dans un épisode précédant avec une fin cliff hanger, incertain de ma survie. Finalement, je suis parvenu à me mettre « à l’abris ». A couvert ; dirons-nous. La fusillade s’est calmée et un duel de patience s’engage entre mon adversaire invisible (mais que je connais personnellement) et moi-même. Le ciel forestier verse sur moi une fine pluie fraîche qui se mêle à ma sueur et à mon adrénaline. Il est bien sûr hors de question que tout finisse ici et que j’attende une aide extérieure improbable.
Je m’élance le plus silencieusement possible vers un autre arbre. Les quelques mètres parcourus me semblent une éternité. Arrivé à destination sans avoir essuyé de tir, je m’assois derrière cet arbre au tronc encore davantage épais. Mon esprit se remet alors à fonctionner de manière moins animale. Ce que je viens de faire est un jeu à quitte ou double. J’ignore en effet où se trouve le tireur ni de quel angle il a usé pour ouvrir le feu sur moi. J’ai présumé qu’il se trouvait en face de mon précédant refuge mais rien n’est moins sûr, il a très bien pu être décalé ou encore s’être déplacé depuis. Quelques secondes centenaires s’écoulent de même que les calculs dans mon cerveau. Il peut se déplacer… Et s’il n’a pas tiré, c’est que cela ne lui était pas facile de me toucher. Il y a de fortes chances pour que ma première idée fût la bonne : mes arbres s’interposent entre lui et moi. Ce qui implique deux choses. La première est que je suis hors de portée à l’heure instantanée. L’autre conclusion est que je si je m’enfuis droit devant moi, il ne pourra me toucher qu’il soit toujours en embuscade ou qu’il se déplace. Ma pensée explore en un éclair la fenêtre des possibles imprévus, puis je juge le seuil de risque négligeable. Je range mon arme et profite que l’adrénaline ne soit pas totalement descendue pour prendre la tangente. Je détale à toute allure comme un lièvre. Je parviens assez promptement à l’orée de la forêt. Etrangement, un panneau stop se trouve non loin, au bord d’une longue avenue de campagne caillouteuse. Il aurait été un peu moins illogique que ce fusse un panneau sens interdit, mais il me semble bien que c’était un stop. Pas de quoi m’arrêter en tout cas.

Je me mets à courir à demi retourné vers l’orée du bois, le révolver armé et en joue. Hors de question de prendre le risque qu’on tire dans mon dos.
Ayant remonté l’allée d’une grosse centaine de mètres de longueur, je tourne momentanément le dos pour dépasser la barrière qui sépare ce sentier champêtre de la voierie goudronnée. Jetant un nouveau coup d’œil vers le bois, je distingue une silhouette. Je me remets dans un reflexe en position pour tirer, et le coup de feu part tout aussi vite. Je fronce les sourcils, comme si ma vue était troublée. Félicitations Baptistisime, vous venez de tuer un panneau stop.

Au bord de la chaussée, plusieurs voitures sont stationnées. Une d’elle démarre (me fuyant ?) alors que je lui adresse un signe du pouce orienté dans la direction opposée (pour faire du stop). Le véhicule disparait au loin. ENCULE. Je continu la marche quand une voiture auto-école me dépasse. Je retente ma chance et obtiens gain de cause. Assez étrangement, une seule personne au volant, une petite vieille souriante aux cheveux blancs. Elle me conduit très gentiment et papote. Je m’étonne qu’une personne aussi âgée passe son permis (mais peut être est-elle monitrice). A ma demande, elle me donne son prénom : Amandine. Je m’efforce de me montrer souriant et bavard : nul besoin ni de dévoiler ni mon identité, ni ma situation, ni mon stress. Je prends par intermittence le volant de droite dans les virages de ce qui semble être une route bordant un relief de bord de mer. Je guide ma chauffeuse et me retrouve au 31 allée de la Navarre à Anglet, du côté de la grande pelouse. Je descends et salue Amandine de la main. Quelques instants plus tard, une voiture vient se garer le long du même trottoir. Les vitres teintées ne me permettent pas de distinguer le(s) occupant(s). Je me précipite à la porte avant droite et pointe mon arme vers l’intérieur de la voiture. Mais à bord, il n’y a qu’un couple de petits jeunes qui se payent ma tête avant de repartir en riant.

Je me dirige, incongru, vers la porte d’entrée, située sur le côté perpendiculaire de la propriété. Une autre voiture vient me dépasser et s’arrêter devant moi, quatre personnes à son bord. Je cherche mon arme de ma poche, épouvanté, alors que le passager arrière droit s’apprête à descendre de voiture. Peut être pour me tirer dessus. Je fais le cow-boy, la main poussant le pan droit de mon manteau pour chercher un révolver qui n’est bien sûr pas de ce côté-ci de ma ceinture, puisque je suis gaucher. Je rigole intérieurement de ma propre maladresse, avant de pousser le bon pan de mon manteau et poser une main rassurée sur mon arme, paré à me défendre. Mon adversaire apparait alors, il s’agit de S.P. Ouf, rien de dangereux, de la famille juste. Je reconnais alors son mari, E.P. , mon cousin R.P. enfant du couple à la place du mort et mon père qui conduit.

Je me détends et vois alors une image d’avenir où je distingue le visage de mon poursuivant profitant que je sois désarmé pour m’assassiner en face à face (alors que je dors me semble t-il). Je ne serai donc jamais tranquille. A cause de ma fuite, je vivrai toujours dans l’angoisse que mon ennemi m’abatte, moi ou ma famille. Mon seul médicament contre cette maladie chronique sera de ne jamais plus sortir sans mon flingue, ma nouvelle assurance-vie. Traitement à vie.

La seconde partie de cette nuit pleine de visions dérangeantes me vois dans une pièce sombre et inconnue où la seule vraie source de lumière est mon écran d’ordinateur. Je revis alors la vidéo visionnée la veille (19/04/2009) sur un site de social networking, intitulée « les filles et le sexe ». On y voyait une JF masque témoigner sur ses propres pratiques. Elle y racontait collectionner les amants d’un soir, se considérer elle-même comme un bout de viande que l’on transperce et aimer jouer le « rôle du connard qui rappelle pas », adepte du coup d’un soir donc. Le documentariste en voix off de conclure : « En se conformant aux modèles des films X, les femmes ont trouvé un moyen de prendre le pouvoir sur les hommes ».
Je suis alors hanté par des flashbacks où je me rappelle le paradoxe qui m’avait frappé chez MC². A savoir son ras le bol « des connards et des histoires sans lendemains » assorti d’une envie manifeste d’une relation un peu durable et d’un autre côté une insatisfaction chronique. Ce paradoxe qu’on pourra éventuellement mettre sur le compte d’une exigence démesurée (et donc insatiable) mais plus probablement une immaturité avérée (et plus probablement encore une conjugaison des deux) réveilla en moi des angoisses passée, un sentiment d’impuissance et d’un profond sentiment de gâchis.

Viennent alors de tendres visions de M.D., mon actuelle avec qui je suis très bien, mais qui ne dissipent pas le malaise. Malaise qui après interprétation, doit émaner davantage d’un manque de confiance envers les femmes et une appréhension des relations HF dans ce qu’elles ont d’incontrôlables et d’aliénantes dans mon imagerie personnelle. Malaise qui vire vite à l’angoisse. Ces pensées que je formulais éveillé et conscient il y a encore quelques semaines plus tôt viennent maintenant me pourrir pendant le sommeil. Elles sont aussi toxiques qu’inutiles, et bien qu’endormi, je décide de me rebeller contre elles. Et je le ferai avec pragmatisme et réflexion. Les « défauts » éventuels des femmes et ce qu’elles font de leurs vies est leur problème et non le mien. Il ne m’appartient pas de juger, seulement de composer avec. Voilà ce que je me dirai très prochainement. Dans l’heure, la tension insupportable m’éveille. Ouf, dans deux heures, je pourrai en parler à mon psychiatre.

mardi 28 avril 2009

L’odyssée du bathyscaphe, épisode trois: Les navires






Le lendemain, je donnai mes instructions au premier groom que je rencontrai. Après l’avoir sermonné longuement sur la bonne façon de s’occuper de mon chat et lui avoir donné une liste très longue de recommandations sur un ton quasi militaire, je me rendis dans un autre hôtel où devait avoir lieu la réunion. J’allais enfin savoir quelle serai ma mission.

Les couloirs de l’hôtel étaient désespérément vides. La moquette fraîchement aplatie par l’aspirateur était lisse et aseptisée. Aussi quand le soldat qui montait la garde à l’entrée de la salle de réunion me demanda si j’étais « l’expert en déserts » j’eus envie de lui répondre de manière désobligeante. Comme annoncer que ce ne devait pas être moi, puisque ce genre de désert urbain ne m’était pas encore connu. Mais ma bouche était bien sèche, je n’avais bu que deux cafés serrés avant de partir. Je m’abstins et entrai avec mon air désabusé des mauvais jours.
A l’intérieur se tenaient trois personnes quand je m’attendais à défiler devant une cohorte d’officiers austères. Mon regard croise ceux d’un officier de l’armée de terre, un de la marine et enfin d’un scientifique en blouse blanche.

- Ah, capitaine, nous n’attendions plus que vous pour commencer le briefing. Je suis le colonel CLEMENT et voici le commandeur FRANCK. Je vous présente enfin le Docteur G. qui sera votre coéquipier sur la mission.

- Messieurs.
Nous hochâmes la tête comme des automates pour nous saluer. Je parcourais le panorama de mes interlocuteurs pour les évaluer. Deux gradés bureaucrates sans intérêt aucun.
- Alors docteur, de quelle discipline êtes-vous diplômé ?
- Oh, il y en a trop, mais je suis docteur en glaciologie, si tel était le sens de votre question.
- Glaciologie ?! Je ne savais même pas que ça existait.
Sur ce, je sortais nonchalamment un petit miroir de ma poche et le tendait l’air impassible au bon docteur. Celui-ci contint un fou rire, avant de secouer négativement la tête, l’air amusé.
- Non non, pas ce genre de glace là ! Rit-il
- Ca se voit.
L’assemblée entière éclata de rire à ma remarque effrontée. Le docteur G. ne semblait, tout comme moi, pas avoir éprouvé le besoin de se raser ce matin-là. Il ne devait pas vraiment connaître l’usage des glaces réfléchissantes, à juger le retour à l’état sauvage d’une grande partie de sa chevelure brune grisonnante. Il devait bien avoir la quarantaine avancée. Du moins, les lunettes d’intellectuel que supportait son nez le vieillissait. Son air jovial et candide le faisait passer pour un enfant innocent ou pour un revenant d’un passé lointain. Une cravate dépareillée surmontant une blouse tachée complétait la panoplie de ce curieux personnage. Assez paradoxalement, le scientifique arborait un port plein d’assurance et de décontraction, les mains dans les poches et affichant le sourire calme et tranquille de celui pour qui tout va pour le mieux.
Le colonel prit la parole.

- Ah, ça me fait plaisir, vous semblez déjà bien vous entendre ! Ca tombe bien, car vous allez devoir vous supporter un petit moment. Commandeur ?
L’homme à l’uniforme bleu déroula alors devant nos yeux une mappemonde.
- Vous l’aurez compris, capitaine, vous partez en expédition scientifique en compagnie du professeur G. Votre destination, la voici.

De sa baguette, il désigna le Pôle Nord.

- Sauf votre respect, messieurs, cette destination n’a rien de fabuleusement exotique. De nombreux hommes y sont allés avant nous, dont des français. Est-ce cela donc la mission top secrète que vous évoquiez ?
- Vous avez raison capitaine ! Même l’emplacement exact du pôle a déjà été foulé par des sous-mariniers russes.
- En même temps, il n’y a plus guère de destinations inconnues sur Terre pour les explorateurs en herbe.
- Exactement ! C’est pourquoi l’innovation de ce voyage… sera de ne pas vous rendre là-haut en ligne droite. Ce serait trop simple ! Non, l’enjeu de ce voyage sera de vraiment connaître le Nord du monde, essentiellement ce qui se passe vraiment sous la banquise, cette épaisse couche de glace réfléchissant la lumière et rendant toute visibilité nulle.
- Je retire ce que j’ai dit précédemment, finalement le docteur G s’y connait en glaces réfléchissantes !

Le docteur émit un geste affirmatif de la tête avant de me faire signe d’écouter la suite du discours du commandeur.

- Aussi, vous utiliserez le dernier modèle de sous-marin d’exploration abyssal mis au point par la marine française pour vous rendre au pôle par voie sous-marine. Votre périple sera l’occasion de cartographier le plancher océanique de cette région et de faire un inventaire de la biodiversité. Ces données n’ont pas été mises à jour depuis longtemps. Mais que l’on ne se trompe pas ! Nous ne sommes pas des enfants de chœur désintéressés. Vous effectuerez également une prospection pétrolière intensive. La cartographie permettra également de repérer des caches potentielles pour nos sous-marins tactiques et nos bases secrètes.

- Je vois… en quoi pensez-vous que je puisse me rendre utile ?
- N’êtes-vous pas le plus grand connaisseur de déserts du pays ?
- Si vous le dites. Cela dit c’est un désert qui manque cruellement de sable.
- Auriez-vous peur de l’inconnu, capitaine ? Me lança, presque moqueur, le docteur G.
- Je n’ai peur que des chutes de météores et des virus, autrement dit de rien. Les déserts ça me connait.
- Vous aviez l’air pourtant un peu sceptique.
- Comment ça ? Je ne vous permets pas de dire ça, docteur ! Vous voulez que j’explore ce désert de glace avec vous ? Fort bien !
- Ah capitaine, vous m’en voyez ravi ! Reprit le commandeur. Vous serez chargé du pilotage du sous-marin et de vous assurer de la sécurité du professeur. Ca ne vous pose pas de problème ?
- Ca ne doit pas être bien compliqué de mener cette coquille de noix. J’en serai, ça m’amuse !
- Parfait !
Le commandeur déroula un autre plan représentant le sous-marin.
- Voici votre limousine capitaine. Quinze mètre de long, une surface habitable suffisante pour passer plusieurs mois confortablement. Le tout électrique garanti une autonomie importante. La propulsion utilise l’électrolyse de l’eau, ce qui génère également de l’oxygène. Pour le ravitaillement complémentaire, vous pourrez nous communiquer vos points d’émergence, pour qu’on vous envoie des avions ravitailleurs.
- C’est un beau bijou. Je sens que le voyage sera intéressant.
- Parfait capitaine ! Je suis heureux de vous voir emballé. Cela fait des années que je prépare ce voyage pour ses vertus ludiques et ce qu’il apportera à la connaissance. Vous mènerez la barque quand moi j’utiliserai les instruments scientifiques pour explorer et analyser. Je serai le cerveau, vous serez le bras.
- Ca me va parfaitement. (…) Quand est-ce qu’on part ?
Le colonel nous fit alors conduire dans une base marine dont l’emplacement ne nous fut pas communiqué. Nous embarquâmes à bord d’un cuirassé qui se mit en route vers le Nord.
Après quelques jours de voyage, je croisais le professeur sur le pont de ce Léviathan d’acier, alors que je faisais prendre l’air marin à Shââ.
- Ah, capitaine, voyez un peu tous ces icebergs. Nous approchons !
Il avait l’air d’un gamin excité.
- Vous n’avez pas l’air totalement à vos aises, cap’tain, le froid vous réussirait-il moins bien que le soleil iranien ?
- Pour tout vous dire, j’ai beau être explorateur, j’ai toujours un minimum de méfiance à l’égard de ce qui n’est pas moi. Ne m’en voulez pas si je suis un peu froid.
- Vous plaisantez ? J’adore ce qui est froid ! Nous devrions bien nous entendre.

Je jetai un regard vers les icebergs. Un nouveau désert attendait que j’y plante mon étendard triomphant. Nous étions alors en train de percer ses frontières. Alors que les marins s’apprêtaient à mettre à l’eau notre sous-marin, rebaptisé « Bathyscaphe » en l’honneur des pionniers de l’exploration abyssale, je songeais aux mystères que nous allions découvrir en-dessous.

Baptistisime

mardi 21 avril 2009

L’odyssée du bathyscaphe, épisode deux: Les trains






Le kérosène se fait rare en ces temps de conflits. C’est donc dans un train que nous embarquons tous les trois, Shââ, mon sac à dos et moi. Parmi la foule de soldats français aux destins futurs variés, je fais confiance à la logistique de mon armée. Je profite de ce long périple à bord d’un wagon surpeuplé et étriqué pour poser mon regard sur les vastes plaines moyennes-orientales. Mon esprit s’évade de sa boîte de conserve vers ces espaces de liberté. Je sens presque le vent frais et apaisant quand le wagon est une fournaise à l’atmosphère nauséabonde de sueur humaine. Shââ et moi n’en pouvons plus de demeurer immobiles ; le désert que nous voyons de l’autre côté de la vitre en revêt des airs de paradis.

Ah ! Mon désert. Il manque déjà. Nous n’apercevons aucune trace de vie mobile. Pas un troupeau, pas un village. Même la nature et les autochtones reculent face à la guerre et la ville. A quoi bon cheminer jusqu’à Paris ? Paris est déjà là, aux portes de l’Iran. Mais soit ! Je m’en vais retrouver la ville qui m’a vu naître et faire mes armes.

Nous changeons plusieurs fois de train, en transit par des gares militaires isolées. La fraîcheur de l’aube nous sort alors momentanément de notre torpeur asphyxiée.
Arrivés à Paris, ce sont encore des trains qui nous reconduisirent à notre hôtel. J’avais été contraint de placer Shââ dans une petite cage pour accomplir ce dangereux périple dans les couloirs bondés du métro parisien. Rien n’est plus terrifiant que cet amassement de gens pressés et anonymes, à la fois si proches et si indifférents les uns aux autres.

Au moins le désert iranien était-il silencieux. Le désert souterrain lui est hanté par le son obsédant des pas du bétail humain qui marche en cadence désordonnée. Au moins les fantômes persans étaient-ils transparents et invisibles. Les zombies des catacombes modernes, eux n’hésitent pas à vous tamponner sans même lever les yeux vers vous. Ils conjuguent violence et bêtise avec un naturel déconcertant. Le pire c’est que cette maladie est contagieuse. Toute personne normale introduite dans ce zoo se retrouve instantanément contaminée et devient un zombie à son tour. Au moins les iraniens avaient-ils un regard perçant et tueur quand nous les croisions. Les usagers du métro n’ont pas de regard.

Cela dit, au-delà de mon profond dédain, ces automates n’éveillaient pas grand intérêt en moi. Je redoutais davantage la foule pour sa faculté à dissimuler un fourbe chargé de me supprimer subrepticement. Pour plus de discrétion, aucun garde du corps ne me couvrait, j’étais seul avec mon chat en cage dans la main gauche. Ma main droite serrait compulsivement mon révolver dans la poche de mon manteau, au cas où. Mon regard, que je composais impassible à l’image de mes amorphes compagnons, surveillait ainsi non seulement les directions de mes nombreuses correspondances mais également les mouvements suspects.

C’est ainsi exténué, usé physiquement et intellectuellement que je rejoignis finalement ma chambre d’hôtel. Avant même de déposer mon bagage dans un coin, je rendis sa liberté à mon petit compagnon félin. Le chaton après quelques reniflements se mit à explorer frénétiquement son nouveau territoire avec une curiosité affichée.
- Haha ! Ne te fatigue pas trop, Shââ, nous ne restons pas longtemps.

Le seul fait de conjuguer le verbe fatiguer m’éprouva profondément. Je m’effondrai lourdement sur mon lit et m’endormit pareillement.

Baptistisime, Lille, le 12/04/2009

samedi 18 avril 2009

La porte dangereuse

Le 18 avril, LILLE


Il y a des gens qui réfléchissent trop. J’en fais partie.

Quand tu vois une porte ouverte, tu entres, t’es pas d’accord ?
Et bien moi, non !

Déjà pour commencer, j’ai frappé à la porte. Pour être sûr de ne déranger personne.
Puis, je l’ai poussé doucement du bout d’un bâton (au cas où il y aurait quelque chose de dangereux sur la porte elle-même.) J’ai alors passé un œil seulement pour m’assurer que la pièce ne contient rien de compromettant.
J’ai alors décidé de projeter d’entrer. J’ai ouvert la porte doucement pour ne pas faire trop de bruit et de courant d’air. Puis j’ai commencé à investir la pièce. Mais sans me livrer complètement, pas fou ! J’ai d’abord posé le bout du pied gauche pour tâter de la stabilité du sol. Je sors alors un compteur Geiger, pour voir si l’air n’est pas radioactif !
Alors, et seulement alors, j’ai soufflé un grand coup, soulagé. Je me suis élancé, confiant, vers le centre de la pièce. Et je me suis pris la poutre qui me pendait au nez juste devant mes yeux, en plein milieu de l’espace. Et que je n’avais pas vu, trop occupé à chercher la petite bête.

Comme quoi il vaut mieux agir que prévoir. Reste que quand on a comme moi une fâcheuse tendance à se faire avoir par des petites bêtes, cette pensée est loin d’être évidente. Je vais encore y réfléchir un peu.

Doc G.

Vers le nord ou la parabole de l’appartement

Aujourd’hui, je voudrais vous raconter le voyage d’un bordelais à Lille. Ce petit gars du sud est venu les mains dans les poches pour trouver un logement. Par un bel après-midi de juillet fort ensoleillé, il visita un premier appartement.
Ce petit studio avait beaucoup pour plaire. Sans être éclatant, il était lumineux. Sans être le meilleur marché, il était très accessible. Sans être le centre du monde, il était très bien situé. Certes il se situait au dernier étage de la résidence, avec un voisinage parfois bruyant, mais le bordelais appréciait faire des efforts et l’animation.

Parfait dans son imperfection, ce lieu de vie séduisit instantanément le jeune homme. Pourtant, on lui conseilla de continuer ses recherches. Après, il avait du temps à perdre, et bien qu’ayant trouvé l’appartement quasi parfait, il pouvait trouver « mieux », moins cher, plus proche du métro, plus beau, mieux quoi.
Sur ce, le lillois novice s’enquit de visiter trois autres appartements. Il parcouru de longues distances à pieds dans cette ville qu’il ne connaissait pas, sous un soleil de plomb. C’est donc un peu essoufflé et éprouvé par ces heures de quête qu’il se présenta devant les portes d’entrées.

Le premier prétendant pose une première énigme. L’appartement est censé être au troisième étage… mais l’immeuble, par ailleurs exposé à des travaux bruyants, comporte davantage d’inter-étages que d’étages ! Grand mystère que cette tour de Babel. Bien sûr, aucun moyen d’identifier nettement quelle porte pourrait être celle du lieu convoité. Après un intense essayage de tout le trousseau sur l’ensemble des serrures qui auraient éventuellement si ça se trouve une chance de convenir… c’est un premier échec pour le sudiste.

Il se remit courageusement en route avec beaucoup d’envie et un esprit revanchard. Il se présenta alors dans une petite rue de traverse. Entre un marché couvert sinistre et un bar animé, une porte en bois bleue s’interposait entre notre héros et le second appartement inconnu. Après un nouvel essayage d’un autre trousseau, il parvint finalement à introduire une clef et lui faire imprimer un demi-tour dans la serrure…mais pas davantage. La rage d’abord contenue avec élégance finit par sortir et le jeune homme énervé par forcer sur cette serrure à mi-temps, sans grand succès.
Le petit bordelais sut alors que s’il ne pouvait faire que la moitié du chemin aujourd’hui, il devrait refaire l’effort demain, et aussi après demain, si d’aventure l’appartement derrière cette porte si incommodante était choisi au final. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, d’autant plus qu’un autre appartement attend à être visité. Celui-ci ne sait pas ce qu’il rate à se rendre inaccessible.

Après une marche un peu plus courte, le mec du sud se retrouva devant une habitation à la façade fort charmante. On l’avait mis en garde que la porte devait être lourde, qu’il fallait la pousser de bon cœur. Ce que fit le jeune homme. De nombreuses fois. Ce n’est pas que du cœur qu’il fallait pour entrer dans ce coffre-fort, mais une force surhumaine, que le bordelais n’était guère disposé à fournir au quotidien, même pour la plus belle des demeures. Sûrement huilerait-il cette porte s’il devait résider ici. Mais cela n’en valait pas la peine.

Il se donna la nuit pour réfléchir à cette drôle de mésaventure, puis signa inconditionnellement pour le premier studio. Et se remémora longtemps les conséquences de son épopée.

Finalement, ça n’avait pas été si désagréable que cela de partir pour cette vaine chasse au trésor. Avec le recul, il trouva même cela amusant, et rit avec sincérité de ses propres maladresses et de ce curieux destin. Les souvenirs de cette folle journée resteraient pour lui riches d’enseignements.

Aller voir ailleurs ne fut pas si inutile. Cela conforta le bordelais dans l’idée que son studio était le bon. Bien sur, à l’usage, il verra que son studio n’était pas parfait. Il verra l’humidité qui se cachait bien au plafond. Il se retrouvera avec des canalisations bouchées. Il sera parfois user de faire le ménage toutes les semaines et de devoir gravir chaque jour les trois étages.
Il demeurera le temps qu’il demeurera dans ce lieu de vie, sans plus d’attachement que de raison. Il ne regrettera jamais. Il ne retiendra que les bons instants, les bonnes soirées, les bonnes visites. Les galères aussi, qui une fois résolues seront autant de références pour l’avenir.

C’est aussi à l’usage que le bordelais avait compris en quoi son appartement était parfait. C’est avec le temps que la valeur de certaines choses peut apparaître. Le bordelais, au moment de rendre les clefs, en avait conscience et était heureux de ce bout d’existence passer à Lille. En attente de nouvelles aventures !

dimanche 12 avril 2009

L’odyssée du bathyscaphe, épisode un : les dunes

Voici le premier épisode d'un petit feuilleton racontant l'incroyable voyage des trois visionnaires. A suivre tous les dimanche !







Il est des lettres qu’on ne devrait jamais ouvrir, et encore moins lire… Par cette belle matinée de l’été 2032, je l’ignorais et allais bientôt l’apprendre à mes dépends.

J’arpentais les collines sablonneuses qui depuis plus huit ans étaient devenues miennes. J’errais sans envie tel un dromadaire ; avec le Soleil iranien comme seul compagnon, et avec une seule pensée : ma mission. Garder les frontières de toute intrusion. Confiner les ennemis de la France dans leur désert. Mon désert. Ah ! Mon désert. Un léger coup de vent vint à ce moment là tromper le silence… est-ce lui, l’ennemi de la France ?

Foutaise, il n’y a pas le moindre petit chat dans cette région. Il faudrait qu’on s’y batte avec le vent et le sable. La bouffée brûlante qui tenta une percée dans mon organisme fut mâtée dans les plus brefs délais. Je m’étais fait à l’idée depuis longtemps déjà que mon régiment et moi-même n’étions pas là pour combattre. Patrouiller et nous tenir prêts, voilà ce à quoi nous employions des trésors d’ingéniosité. Quelle fichue guerre, le front est tellement étendu que nos ennemis peuvent apparaître à tout moment, à tout endroit. Et c’est pour ça que l’ordre était de se tenir prêt. Voilà le genre de discours que nous avions entendu maintes fois. Mais la vérité, la vérité véridique était que l’ennui était notre opposant le plus farouche et le plus entêté. Il l’avait prouvé par le passé en nous infligeant extrêmement régulièrement de sévères défaites.

Il ne devait cependant pas vaincre mon esprit ce jour là, et je l’écartai d’un geste de pensée assumé. Pour tout dire une nouvelle idée venait de lui damer le pion dans l’espace limité de ma tête. Je venais de me dire que même des concierges pourraient être à notre place. « Et tiens Abdul, tu as du courrier ! Par contre Omar, il va vraiment falloir que tu payes ton loyer, sinon le proprio’ va te virer ! »
Concierge du désert, voilà ce que je suis, un vétéran perdu à la frontière entre deux mondes. Je fermai les yeux, crispai ma main sur le pommeau de mon épée et poussai un soupire. C’est alors qu’une voix interrompit ce nécessaire dialogue avec moi-même et me fit me redresser dignement.

- Capitaine ! Une lettre urgente de Paris pour vous !

A la bonne heure… L’interpellation par mon subordonné m’irrita dans un premier temps. Qui osait ainsi donc rompre ce beau silence, ce calme transcendantal ? C’est qu’il nous mettait tous deux en danger à vociférer de la sorte ; à réveiller notre ennemi. « Paris »… ce mot sonna durement dans ma tête. Pour une fois qu’un courrier m’était adressé, ce devait sûrement s’agir d’une nouvelle déplaisante. Quelle urgence en provenance de la capitale sinon une mission contraignante, voir ennuyeuse ? (…) Soit. Je le reconnais. Je suis forcé de le confesser : rien à cet instant ne pouvait être plus ennuyeux que l’activité qui m’occupait alors.

A cette seule pensée, mon esprit de compétiteur endormi par des mois d’immobilisme s’éveilla brusquement. Aussi quand mon inférieur m’eut rejoint, je me saisis de l’enveloppe qu’il me tendit et me hâtai de l’ouvrir d’un geste nerveux.
Je me mis à parcourir la missive sur le chemin du campement. Le télégramme dactylographié à la hâte et bourré de fautes de frappe portait le message suivant :

A l’adresse du Capitaine B :
Par ordre de l’Etat-major, vous êtes relevé de vos fonctions. Votre mission actuelle prend fin à compter de la réception de ce courrier.
Vous serez très prochainement muté sur un projet classé secret défense. Intérêts nationaux du pays en jeu. Etes prié de vous rendre à Paris dans les plus brefs délais. Promotion éventuelle à la clef. Pour la France.

Le 13 juin 2032. Colonel CLEMENT

Je déchirai le papier avec agacement. Les gradés ne sont vraiment plus que des bureaucrates de nos jours, ça a le don de me mettre hors de moi. Mais je savais que cet agacement était aussi le fruit de mon excitation. Mission secrète ? Promotion ? Même s’il devait s’agir de balayer le guano des pigeons de Montmartre, j’en serai !

De retour au camp, je réunis promptement mes affaires et saluai encore plus sommairement mes anciens compagnons. La seule compagnie que je jugeais alors satisfaisante était celle de Shââ, le petit chat du désert. Je l’avais découvert à peine sevré et totalement affamé quelques semaines plus tôt. D’abord un peu répugné par cette petite chose duveteuse, j’ai très vite admiré le fait qu’une créature aussi fragile ait pu survivre dans le désert toute seule. J’ai reconnu toute la noblesse de ce cousin du lion dans son stoïcisme. J’ai reconnu toute l’intelligence de ce que furent les perses dans sa façon de fureter chaque lieu nouveau, de jouer avec tout objet laisser à sa portée. Je ne me rappelle plus avoir été ainsi enfant. En tout cas, mes discussions avec le petit félin étaient alors nettement plus captivantes que celles avec mes sous-fifres, au moins aussi abrutis que moi par cette drôle de guerre.

Enfin, cela ne me regardait plus. Dehors, une jeep nous attendait, Shââ et moi, pour de nouvelles aventures. Je clamai intérieurement un adieu poignant à l’adresse de mes dunes, puis notre véhicule démarra en trombe, soulevant un nuage de poussière.

Capitaine B, expert en déserts

Les rêves mentent-ils ? Épisode 51

Rêve pendant la nuit du 01er avril au 02 avril. Ma chambre à LILLE.

Comme un poisson d’avril… La comédie de ce soir se déroule entre deux rêveries « idiotes » où je me mets en scène, tantôt photographiant un trébuchet en action (et pestant de ne pas parvenir à saisir la position voulue, à savoir le bras de l’engin de siège levé, et non pas au repos) et tantôt aux prise avec mon ancienne instructrice de stage qui me refuse un emploi sous prétexte que je ne suis « que bac+3 et pas bac+5 », ce qui ne provoque chez moi qu’un « tant pis » assumé et sans rancœur.

Le rêve perdu au milieu de toutes ces hallucinations nocturnes a davantage aiguisé mon courroux. Je me suis vu faire tranquillement ma vie devant un messenger en temps réel que je ne nommerai point, à discuter avec des gens de la France entière comme cela m’arrive régulièrement. Quand les distances s’en mêlent, c’est un bon moyen de garder le contact.

Après quelques secondes, je remarque alors en faisant l’inventaire de mes contacts en ligne, que parmi eux se trouve EB. Mon intelligence consciente ne fait qu’un tour dans ma tête endormie. C’est incohérent. Cela fait des mois et des mois que j’ai effacé EB de mes contacts. Comment cela se fait-il ? Comment a-telle fait pour me rattraper ? Une goutte de sueur dévale mon front, ma joue. Un autre contact, anonyme, ne portant ni nom ni émoticône, rien, vierge, s’affiche sous l’adresse d’EB. Je l’identifie comme une autre adresse lui appartenant, mais c’est inquiétant. Quel est ce contact fantôme ? Par quel nouveau sortilège néfaste la sorcière que je croyais disparue se permet-elle ainsi d’investir mon espace social où elle n’est pourtant plus la bienvenue ?

Ma courte réflexion angoissée est bientôt interrompue par une vision d’horreur. D’autres contacts supprimés de longue date viennent hanter ma messagerie instantanée ! En un instant, c’est une marée de connaissances du passé qui déferle dans ce monde. Les personnes à qui je ne souhaite plus tellement adresser la parole se multiplient comme des virus à l’écran. Je m’empresse bien sûr de les supprimer à grande rafales de clics inquisiteurs. Plus j’en détruis, plus j’ai le sentiment d’être submergé sous leur nombre.

Mon travail d’exorcisme se poursuit quelques instants qui me paraissent une éternité et je parviens finalement à retrouver une liste de contact « propre ». Je viens de remporter cette drôle de joute virtuelle, ce combat à distance. La bataille fut rude de même que mon bref effort. Je souffle et suis soulagé par cette nouvelle victoire, mais la fureur n’est pas encore redescendue.

Ainsi les démons peuvent me toucher n’importe quand et n’importe où. Je sais qu’il va me falloir être vigilant. Les morts doivent rester morts. Je ne l’oublierai plus à l’avenir. Combattre les fantômes de jour comme de nuit, tel sera mon fardeau.

mercredi 8 avril 2009

Pourquoi faire les courses avec une poubelle à la place du sac en plastique ?









En ce premier avril, je suis d’humeur nécessairement facétieuse. Alors que je fais mes courses dans un grand temple de la grande consommation, je décide d’acheter une poubelle pour ma salle de bain (ça manque quand même, devoir tout jeter dans la cuisine ça va bien deux secondes.) Je suis alors tenté de profiter de mon passage pour acheter plein d’autres trucs plus ou moins utiles. C’est bien fait quand même les grandes surfaces pour ça. Tu repars toujours avec plein de choses que t’avais pas envie d’acheter. Quelle fourberie. Mais tel n’est pas mon propos du jour. Mon esprit indiscipliné s’est alors portée sur ce conteneur à provisions fabuleux qu’est la poubelle. Pourquoi le préférer au traditionnel sac en plastique ?

1 : Une poubelle, c’est beau. Plus qu’un sac en plastique, vous en conviendrez.
2 : Ca ne finira pas par polluer la nature et étouffer les tortues de mer bigleuses amatrices de méduses.
3 : Se promener avec une poubelle aide à exorciser sa propre honte. Très bon exercice de développement personnel et d’affirmation de soi.
4 : Ca ne craque pas bêtement après un voyage en métro, déversant les commissions sur le trottoir.
5 : Accessoirement, une fois à la maison, ça peut faire office de poubelle. Et oui.
6 : C’est lourd ? Tant mieux, ça fera les biceps dans le centre commercial.
7 : Quand tu es à la caisse, tu ne galères pas à la garder ouverte d’une main la chargeant de l’autre.
8 : Les gens te laissent plus volontiers passer dans la rue. Même les gros lourds de Wazemmes te foutent la paix de peur de prendre un coup dans les tempes. Mieux que le sac à mains, la poubelle est l’arme du futur pour les petites vieilles contre les voyous !
9 : Tu peux venir les mains dans les poches. Non, parce que payer 1€ pour une vieille poche, ça fait mal aux fesses. Surtout quand tu sais que tu en as des tonnes chez toi et que tu sais pas quoi en faire.
10 : C’est pas banal. Oui, c’est une bonne raison !
11 : Pour empiler les objets à l’intérieur et ainsi optimiser l’occupation du volume, c’est quand même plus simple qu’avec des sacs en plastoc.
12 : C’est encombrant ? Qu’à cela ne tienne ! Ca te fera passer l’envie de traînasser au rayon librairie et acheter des tonnes de bouquins chers et inutiles.

Baptistisime

mardi 7 avril 2009

Plan d'attaque

1 : N’oublie pas que tu vas mourir.
2 : 24/03/2009 : l’ennemi a tiré le premier et posé un ultimatum très sévère à notre égard.
3 : Déguisé en accord commercial à l’amiable, ce traité profondément inéquitable constitue à la fois une menace à peine déguisée ainsi qu’une sérieuse remise en question de la sécurité du royaume.
4 : L’ennemi, sous couvert de la promotion de nos intérêts nationaux respectifs, a tenté d’endormir notre gouvernement. Nul doute que la paix ne tiendra pas. Le conflit ne peut être évité, l’ennemi exigera davantage que ce qui sera prévu dans le contrat, et ce dès que l’occasion se présentera.
5 : Nous devons préparer notre riposte ! Les frontières ont trop souvent été menacées, cette fois, le ministère de la défense n’est pas disposé à laisser des étrangers marcher sur nos plates-bandes.
6 : N’oublie pas que tu es un humain.
7 : Rien qu’un humain.
8 : 25/03/2009 : Réunion d’Etat-Major.
9 : N’oublie pas : tuer avant d’être tué.
10 : Le système d’infiltration a bien fonctionné et les plans d’un ennemi fanfaron sont connus. La rétention d’information de notre côté sera de mise.
11 : Adopter un double discours. Entrer dans le jeu de l’ennemi.
12 : Envoyer des espions. Beaucoup d’espions. L’information, ya que ça de vrai. Ah, et quelques enseignants et trois avocats.
13 : Mourir.
14 : Je suis un connard. Grâce à l’ennemi, je suis un bon connard.
15 : Mais n’oublie pas, apprendre.
16 : Apprendre aux mécréants que l’on ne peut pas « jouir de Tout, Tout de suite et sans effort ».
17 : Transcender la Colère.
18 : Renaître.
19 : Ne pas oublier d’écrire. Ecrire, c’est sensuel, écrire c’est tout. Ca permet de créer des plans d’attaque.
20 : N’oublie pas : il faut être proche de ses amis et plus encore de ses ennemis.
21 : Provocation : bisque bisque rage ! Quand un mur t’agace, contourne-le.
22 : Ne pas laisser l’ennemi nous endormir. Ne pas nous endormir seuls sous nos lauriers. Endormir les soupçons adverses.
23 : Ne pas faire confiance. C’est contraire à la mentalité nationale. Etre fidèle aux citoyens.
24 : On ne peut changer les hommes. Forcer un homme à changer, c’est le mettre en cage.
25 : Leur envoyer Woody Allen faire le show. Woody est très apprécié outre-frontière.
26 : N’oublie pas de t’affirmer. Rappelle-toi que tu es TOI. Ton perso préféré dans Death Note, c’est L. Le charisme élégant du génie. Calme et taciturne. Froid, calculateur et distant, mais noble de cœur. L’orgueil de celui que son intelligence rend supérieur, différent et solitaire.
27 : N’oublie pas, tu vas mourir.
28 : 05/04/2009 : L’ennemi déclenche son attaque un peu plus tôt que prévu par nos réseaux d’espionnage. Notre plan d’attaque nous permet cependant de mobiliser rapidement les défenseurs du royaume. L’armée souffre mais les civils sont protégés et n’enregistrent aucune perte. Peu à peu, la riposte est menée de sorte à sauver l’honneur de notre fière nation.
29 : Et envisager l’avenir avec sérénité. Renaître.
30 : 07/04/2009 Renaissance nationale effectuée. Une dernière minute de silence observée pour les disparus de cette guerre éclaire. Reprise des activités normales. Publication du rapport de la guerre pour les générations futures.


Baptistisime, empereur au long cours.

lundi 6 avril 2009

Marabout lillois

Voici le contenu d'un flyer qu'un noir vient de me donner dans la rue à Wazemmes:

Règlement après satisfaction
Résultats irréversibles en 5 jours

Savez-vous que vous pourriez être aidé ? Oui, par la révélation étonnante qui changerait vos problèmes ! Confiez-vous vite au…

Professeur FODE
Grand voyant-Medium et guérisseur qui stupéfie

Spécialiste des travaux d’amour, fait revenir votre femme ou votre mari-Maladie-Chance aux jeux-Désenvoûtement-Commerce-Affaires-Même les cas les plus désespérés. N’hésitez-pas à venir le consulter vous serez satisfaits de son travail. Faites comme les autres. Son pouvoir est infaillible. Réussit là où les autres ont échoué.

Sa devise : Rapidité, efficacité, garantie et surprise de ses résultats ! Reçoit tous les jours de 8h30 à 20h à LILLE

06…