dimanche 21 août 2011

Les rêves mentent-ils ? Episode 57

Printemps 2010. Ma chambre à Lyon

Je suis en visite d’un musée d’un genre bien curieux. Dans une ambiance rouge et surtout noire, une sorte de zoo souterrain rappelant les galeries étroites, chaudes et humides d’un terrarium tropical. D’ailleurs, ces galeries comportent aussi de vitrines comme un vivarium. Les couloirs sont donc à peine éclairés à l’infrarouge, la seule lumière vient de ces vitrines.
De l’autre côté du verre, des scènes plus ou moins érotiques jouées par des sujets humains vivants. Ici, un couple qui se prend sur une simple chaise, dans des ébats à l’arrachée mais avec une imagination folle. Ils se permettent toutes les configurations d’emboîtage autorisées par les lois de la physique.
Dans une autre cellule, plusieurs adolescentes sont au contraire très réservées. Elles hésitent même à se toucher elles-mêmes, alors s’affairer en public. Elles sont assises sur des chaises disposées en rond, comme une réunion des alcooliques anonymes.
Dans cette ménagerie, d’autres mannequins sont moins soucieux des spectateurs. Au contraire, certains n’ont pas peur de montrer leur vrai visage. Je retrouve par hasard l’habituellement discrète CT qui embrasse un homme sans retenue mais surtout avec une exubérance que je n’aurais jamais soupçonnée.

Finalement, cette exposition vivante est de qualité : tout type de relations sensuelles est présenté, comme un catalogue des pratiques érotiques.
Je visite comme on visite un zoo, avec une curiosité intellectuelle et scientifique, comme on visite une ménagerie ordinaire, sans se poser de questions sur le ressenti des pensionnaires. On croirait un vivarium rempli de vivipares, ou encore un étrange musée de statut de cire.
Cette galerie des horreurs est peut être un mémorial de la sexualité et surtout de la diversité du vécu par les humains.

Noir.

Je suis à mon tour dans une cellule du zoo sur le sol des matelas. Je me cachais dans la pénombre du couloir avec mon attitude détachée voir condescendante et hautaine, maintenant je suis propulsé sur le devant de la scène, de l’autre côté de la caméra. Il s’agit peut être là d’une forme de justice ou de prix à payer pour l’observation perverse ?
Les vitres sont sans teint, je devine qu’on est encore au zoo, mais on ne voit pas l’extérieur, qu’une lumière blanche. On ne voit pas bien les autres occupants de la pièce, plutôt grise par ailleurs, comme si on avait placé un vaste rideau sur la source lumineuse qu’elle soit naturelle ou non.
Je suis en compagnie d’un autre homme et de deux jeunes filles blondes ( ?) visiblement étrangères qui rigolent ensembles. Elles donnent l’air de se connaître depuis longtemps, quand l’autre homme et moi ne nous connaissons ni d’Adam ni d’Eve. Une des deux nanas et le gars ne font pas dans le détail, ils se prennent sans trop de cérémonie (ils ne se jettent pas l’un sur l’autre, mais ils vont au plus direct, sans prendre de détour, ils vont à l’essentiel, efficacement.
L’autre fille continue de rigoler avec sa copine en train de copuler.
Elle finit par se lasser et commence à tirer la tronche, comme si l’euphorie était tombée et que maintenant qu’elle est toute seule, elle se fait chier.
Je l’aborde. Je ne fais pas trop attention au contenu de la conversation, mais elle me répond en français. Ou en anglais, ce qui est pareil dans un songe à la mode de chez moi. Je la complimente sur sa maîtrise (de cette langue) et lui demande l’origine de son accent. Je ne comprends pas trop sa réponse, il me semble qu’elle me dit « je suis algérienne ». Je m’interroge : elle donne plutôt l’impression d’être européenne.
Elle se moque de moi : elle est géorgienne, pas algérienne. Je me mets à rire de bon cœur avec elle, ce qui nous rapproche. C’est avec la parole, l’échange curieux et le rire que je l’ai rapprochée. Quelque part, moi aussi j’ai ma recette et ma façon de faire : je suis un stéréotype comme les autres. Nous finissons par flirter. Moi aussi, je fais parti du zoo, maintenant.

Les rêves mentent-ils ? Episode 58



La machine à rêves est un puissant moyen de transport dans l’espace et le temps. Après tout, une scène onirique ne se passe que rarement à l’heure exacte à laquelle elle est «jouée », pas vrai ? Cette nuit, cette formidable invention me transfère directement de Lyon à Saint-Médard en Jalles à une heure qui semble être la fin de matinée. Je déambule seul dans le jardin familial sous un soleil puissant mais agréable. Il me semble qu’il se passe quelque chose dans la rue… On s’y agite dans cette rue de quartier résidentiel par habitude très calme.
L’allée des jonquilles est fidèle à elle-même : des maisons ordinaires avec jardin et clôtures, des trottoirs couverts de graviers, bordés de chênes. La seule exception ? La maison de nos voisins de pallier, remplacée du jour au lendemain par une laverie automatique. La maison a disparu : le bâtiment qui se trouve à son ancien emplacement est un sorte de brique de béton d’un seul étage qui parait enfoncé, presque comme s’il était en sous-sol. Je trouve cela étonnant. Que sont devenus les voisins ? Pourquoi une laverie dans un hameau où tout le monde a son petit chez soi tout équipé ? Est-ce une nouvelle invasion par la ville métropole d’une zone presque rurale ? Peut être que mon voyage dans le temps était plus conséquent que prévu et me voici dans un futur proche qui a vu plusieurs transformations sociales se produire ?
Quoi qu’il en soit, l’enseigne semble rassembler plusieurs personnes. D’autres gens sont dehors, de chaque côté de la route. Je remarque alors que l’attraction est un camion de pompier à la rescousse d’un chat perché, mon chat « Chaussette », femelle née en 1998 (donc le futur ne doit pas être si lointain ?). Que d’animation, mais aussi que de bizarreries !
Je rentre dans le calme relatif de la maison parentale. J’y retrouve le gang des trois « T » au grand complet. Nous prenons un apéritif à base de pillons de poulet.
L’ambiance est conviviale, nous sommes heureux de tous nous retrouver. J’ai du mal à suivre la conversation, mais il me semble que l’un de mes interlocuteurs y va de son « avoir quelqu’un dans sa vie, c’est déjà pas si mal. Pas vrai ? » Je me contente de fermer mon visage. Je pense que je donne une impression de tension. A l’intérieur de mon esprit, j’acquiesce mentalement. J’ai une pensée pour mon actuelle, KR. Une pensée plus mélancolique que ce qu’on peut avoir l’habitude quand il s’agit de la personne avec qui l’on est. Mais ce qui est vrai, c’est que c’est « déjà pas si mal ».

La machine me transporte une nouvelle fois.

Je me retrouve dans un vaste parc tout plat. Des cavaliers habillés en rouge, comme si c’était des suisses. Pourtant, j’ai l’intime conviction que nous sommes à Paris. Peut être le jardin du Luxembourg ?
Un speaker fait une annonce et présente le contexte. Il s’agit de la traditionnelle chasse urbaine au chevreuil avec les deux arbalètes géantes. L’épreuve est arbitrée par de nombreux policiers en uniforme. Il y a bien deux types d’arbalètes : un modèle à une main ressemblant à une arme à feu ; et un modèle à deux mains encore plus grand, équipé de deux contrepoids latéraux.



Je me retrouve moi-même embarqué dans la « course » avec une arbalète dans la main gauche. J’abats au moins deux bêtes. Je ne sais pas si je porte moi aussi cet uniforme ridicule, mais je suis de bonne humeur, la joie de cette chasse au dahu est partagée, le soleil perce malgré les nombreux arbres et les pelouse donnent un petit goût de campagne sauvage à cet endroit pourtant en plein cœur d’une des très grandes métropoles de cette planète.

Il me semble que j’ouvre le feu sur un rival (mais c’est peut être un rêve dans le rêve). Après tout, comme dans le tournoi Unreal, quelle règle interdit de s’en prendre aux autres concurrents ?!



La partie prend fin. Je me rends au campement où de grandes tentes ont été plantées pour accueillir la buvette, le buffet, et sûrement la remise des récompenses.
A la buvette, ça commente ses exploits. Une jeune femme amicale vient discuter avec moi. Elle ressemble trait pour trait à CL. Mais en lui demandant son nom, je confirme que ce n’est pas elle. Ne comprenant pas sa réponse, je lui fais répéter, et entends cette fois ce qui ressemble à un sigle, dont le dernier terme est « Dream ». Comme un clin d’œil au contexte ! « Dream » me semble sympathique et je lui propose d’aller prendre un verre ailleurs, en toute amitié.
Nous rencontrons en chemin ou avant de quitter les tantes plusieurs autres personnes qui se joignent à nous, au moins deux autres filles. Nous quittons le parc et nous retrouvons dans la ville moderne aux rues élégantes. Nous passons devant plusieurs bars avant d’échouer finalement dans un restaurant asiatique de plats à emporter. Pourquoi pas, me dis-je.
Nous faisons la queue longtemps, les autres filles semblent passer des heures à pinailler à choisir et/ou négocier âprement avec la vendeuse. Ca me dérange, j’ai l’impression que ça casse le rythme et décide de reprendre ma liberté solitaire. Les rues de Paris sont désormais sous un ciel nocturne. Je profite du spectacle simple de la ville et des gens attablés dans des restaurants de spécialités d’horizons divers.

Paris la cosmopolite, Paris l’insolite, Paris la verte, mon voyage dans cette ville aux multiples visages s’achève.

mercredi 17 août 2011

Les rêves mentent-ils ? Episode 60


17 mai 2011. Ma chambre au Broc


Le film de ce soir débute dans les couloirs obscurs de ce qui semble être un vaste manoir. La bâtisse est allongée, comme une aile de château. Les pièces sont disposées de part et d’autre d’un long couloir, comme pour un hôtel. Toutefois, le couloir n’étant pas éclairé, ce qui ne ressemble pas à un hôtel ordinaire.
Mon personnage est un stéréotype vivant du cinéma d’action américain puisque je suis barraqué, crâne rasé et teint basané, une puissante constitution physique et des traits carrés.
Je suis à la tête de plusieurs hommes munis d’uniformes noirs et de camouflages sophistiqués. Ce sont des guerriers compétents, visiblement spécialistes de l’infiltration.
Un commando avec une telle allure devrait sûrement utiliser des armes à feu lourdes. Pourtant, c’est une sorte d’arbalète ou d’arc automatique que je tiens en mains et emploi à libérer un chemin dans le couloir à travers plusieurs gardes. Peut être que mon équipement comporte une vraie arme de commando mais que je n’ai pas jugé bon de gaspiller des munitions pour des sous-fifres aussi peu menaçants.
L’ambiance est électrique, survoltée. Le groupe fait montre d’une grande vitesse de déplacement et d’exécution. Du travail de pro, en somme. L’adrénaline est notre moteur et nous conduit à un train d’enfer avec un enthousiasme débordant et euphorique.
Un flash. Arrivé au bout du couloir, pour une raison qui m’échappe, je me retourne contre mes propres coéquipiers et leur tire dessus. Ils ne tardent pas à répliquer. Coup de folie de ma part ou plan calculé à l’avance ? Impossible de le dire, l’heure étant de toute façon à l’action.




De traqueur je passe au statut de proie. Mes poursuivants en surnombre m’incitent à détaler. Je passe par la fenêtre au bout du couloir. Nous nous trouvions au premier étage. Il me semble que j’utilise une corde blanche façon bagnard en cavale pour rejoindre le plancher des vaches. A moins que je ne me laisse tout simplement tomber pour me réceptionner athlétiquement au sol. C’est un peu brouillé dans ma perception des événements, tout se passe très vite et il me semble que je réagis davantage à l’instinct, ou que j’applique des exercices mille fois répétés comme un automate.
Je suis donc dehors, à l’extérieur du grand manoir. Il fait nuit noire, le bâtiment que je viens de quitter est visiblement perdu en pleine nature. Il y a beaucoup d’arbres, pas d’autres constructions en vue, si ce n’est des sortes de lampadaires diffusant une lumière blanche et mauve m’évoquant l’éclairage public de Broc.
Je ne m’éternise pas sous la fenêtre, m’attendant à être tiré comme un lapin. Je fuis à travers la forêt, me retournant régulièrement pour décocher une flèche à l’encontre d’éventuels poursuivants. J’ai un sourire rageur aux lèvres, mêlé d’amusement et d’efforts intenses.
Malgré ma puissance et ma confiance en moi, je suis vulnérable, et je le sais. Je me bats contre un ennemi aussi multiple qu’invisible et éblouissant. La forêt défile et laisse place à une plaine immense. Dans cet espace ouvert et toujours aussi lumineux, je m’attends à manger un pruneau d’un moment à l’autre comme une impression de déjà vu (voir les rêves n° 53). Ce moment n’arrive pas, mais dans ma peau de malabar, je ressens une grande fragilité.



Au lieu d’une douleur, un nouvel éblouissement. La grande plaine d’herbe cède sa place à une grande plaine d’eau. Un nouvel océan aux infinies étendue et profondeur sous un ciel ensoleillé comme dans le président épisode (les rêves 59). Je suis à bord d’un navire, cette fois une frêle frégate. Une toute petite pièce qui donne directement sur l’eau dans mon dos, sans « mur ». Une longue table autour de laquelle s’est réuni l’équipage dont je fais partie, sous la présidence d’un capitaine pirate à la large coiffe noire, façon 18e.



Le bateau est à l’ancienne, nos costumes sont à l’ancienne, et nous aussi sommes à l’ancienne car je remarque que nous sommes tous des fantômes. De là à penser que la scène précédente ne s’est pas tout à fait fini pour mon plus grand bien, il n’y a qu’un pas. Si ce n’est que j’ai retrouvé une constitution mince et légère ainsi qu’une chevelure un minimum abondante, et la barbe qui va avec. Pas vraiment le même type de personnage.
Pour une raison qui m’échappe, une vive tension anime les débats. Nous semblons redouter quelque chose, mais quoi ? Après tout, nous sommes déjà morts, que pouvons-nous craindre désormais ? La panique nous submerge, puis une énorme vague nous submerge vraiment et nous coule. Nous avions bien quelque chose à perdre : notre rafiot. Quelle déchéance, nous avons l’impression de mourir encore !
La déferlante m’emporte et je n’émerge de nouveau que bien plus loin. Le soleil est couchant et les débris du navire ainsi que mes compagnons se trouvent dispersés ça et là. Je remarque alors que la petite CA est avec moi. Elle se tient à mon cou comme si elle craignait de couler. Ce qui ne constitue pas un grand danger pour des esprits désincarnés. Cela dit, elle ne me pèse pas beaucoup plus que si elle était vivante. Quelques regards à droite et à gauche, et comme je n’en détecte aucun, de regards, je sais comment m’occuper en attendant je ne sais quoi d’ailleurs. Comme la jeune femme n’est pas très grande, je n’ai pas à beaucoup allonger le bras pour poser ma main entre ses jambes. Jambes qu’elle replie bien vite comme pour se mettre en position fœtale. Est-ce qu’il s’agit d’un geste de défense de sa part ? De sa manière d’exprimer l’effet que ça pouvait lui faire ? Quoi qu’il en soit, j’imagine quelques fantaisies rendues possibles par les circonstances : coucher sous l’eau, dans n’importe quel assemblage, pourquoi pas en volant aussi, tout est permis. Ma rêverie dans le rêve me détourne peut être des affaires en cours et je m’égards. C’est ainsi que la scène s’efface comme un fondu noir précédant le générique de fin du film. Il faudra vraiment que j’arrive à me souvenir au réveil d’un songe ludique qui ne soit basé ni sur le sexe ni sur la violence ni sur un mauvais remake de film, et encore moins une combinaison des trois comme ce soir.