samedi 20 juin 2009

Bloc-notes



L’ami de l’instant présent, de l’écriture automatique, du carpe diem rédactionnel. C’est l’instrument de capture de l’idée fugace qui s’évaporerait sinon. Une phrase qui passe, une rime éphémère, rien n’échappe au crible à bonnes idées.
Comme un appareil photo réflexe, le carnet magique saisi des instantanés intellectuels. Des clichés spontanés, désordonnés, touchants de naturel.
Faire les choses et pas trop les planifier. Et tant pis si tout n’est pas parfait. Le temps presse. Quand il s’agit d’écrire et d’imprimer les idées, le bloc-notes est la solution.

Ecrit sur un bloc note dans la navette Lille-Lesquin, le 06/06/2009 entre 7h00 et 7h20.

Les rêves mentent-ils ? Épisode 54

Rêve pendant la nuit du 12 au 13 juin. Ma chambre à LILLE.

Un black alcoolique qui a fait de la tôle retrouve sa femme dans un établissement public, bistrot ou café. Ils se retrouvent pour la première fois depuis longtemps autours d’un vieil album photo, partageant un délire alcoolisé où les deux boivent au goulot du même flash comme au bon vieux temps. Un rire exhibant une blanche dentition sur fond noir.
Toutefois, la femme finit par prendre un air désolé, et avoue en catimini que le temps de la détention fut trop long, et qu’elle a pris un amant, n’ayant pas la patience au final.

Ivre de haine et de jalousie, l’ex-tolard quitte le bar avec rage et détermination, claquant brutalement et bruyamment la porte de l’établissement. Il marche d’un pas décidé, arpentant une ville post industrielle ensoleillée, qui pourrait bien être Lille, Boulogne-sur-Mer, ou encore une ville américaine, me dicte mon inconscient. L’ex-femme lui court après, l’invitant par des cris éperdus à la compréhension et la clémence. A la raison. L’homme qui fait la sourde oreille ne s’en préoccupe pas le moins du monde, et dans un train d’enfer se retrouve au domicile de son rival, blanc (me semble-t-il). Les esprits s’échauffent et les paroles fusent, tout comme la balle meurtrière qui vient faire le silence, après avoir assassiné le nouvel amant de la dame, en pleur. L’homme noir (une nouvelle fois ?) meurtrier prend la fuite.

A la suite de cette scène sanglante, La femme retrouve une autre JF, blanche, dans une sorte de café. Elles jouent à la roulette russe toutes les deux. Tout autour, un public majoritairement féminin observe la scène, en toute impassibilité. Comme les spectateurs d’une exécution aux Etats-Unis. Baptistisime s’y trouve. Dans une confusion toute onirique, il lui semble prendre la place d’une des joueuses, jouant du barillet avec amusement, posant le canon sur sa tempe sans crainte, inconscient du danger, et entendre le bruit jouissif de la détente qui fait clic. Le rire intérieur d’avoir trompé la mort une fois de plus et le rire extérieur de cette toute puissance.
Une spectatrice experte en balistique me confisque l’arme, et la décharge devant tout le monde. Elle inspecte la balle tombée au sol, puis la replace dans le barillet, puis me tend l’arme. Je fais de nouveau rouler le caisson meurtrier rempli au 6e avec un amusement macabre, un sourire sadique en coin. Je m’amuse de ma dextérité à manipuler l’objet phallique à la morsure fatale. Je repose le serpent sur la table de jeu dont j’ignore s’il portait le tapis vert vie ou bordeaux comme le sang. A équidistance entre les deux femmes au regard vide. Toujours tout sourire, je vais m’assoir sur une chaise inoccupée dans le public, entre deux personnes. Je croise les bras, et passe la jambe droite par-dessus l’autre, décontracté et avide de voir la suite du spectacle. L’une des JF s’en sort, l’autre lui répond en évitant à la tueuse à son tour.
Je suis totalement décentré de la cruauté de la situation. Je m’amuse même comme un petit fou. Je lâche quelques mots à ma voisine…de droite je crois. Je lui parle de probabilités, comme ce qu’on voyait en terminale au lycée. Chance de mourir durant ce jeu : 1 sur 6 à chaque fois que c’est son tour de jouer. Mais je ne me rappelle plus la formule pour déterminer la probabilité d’une série d’exercices répétés à l’identique. Les chances de mourir sont sensées augmenter à chaque fois, non ? C’est avec cette réflexion insensible et dénué de compassion que mon songe s’interrompt, en toute quiétude.


Le lendemain, samedi, je m’éveille avec mal à la tête. J’accuse dans un premier temps ma couche que je soupçonne d’avoir meurtri mes vertèbres et que c’est cet inconfort qui m’a mis en vrac. Quelques heures plus tard, ce songe me revient, et je me dis qu’il n’est pas étranger à ce mal de crâne.
Si Baptistisime a trouvé le jeu si amusant, c’est qu’il a pris conscience que les femmes aussi jouaient avec le hasard, et perdent parfois. Il a une nouvelle fois été témoin d’un jeu global mêlant des gens corrompus par la boisson, le manque de volonté, l’hypocrisie, la suffisance et l’opportunisme. Bien sûr, tout cela fait partie du jeu, mais la règle de tout jeu est d’être bon joueur et de tout donner. Le génie sadique est ainsi très satisfait de voir les perdants assumer la sanction de ne pas avoir fait les efforts nécessaires. C’est un peu comme si ces infortunées JF étaient enfin mises face à leurs responsabilités. Du pain béni pour Baptistisime, moralisateur du chaos et connaisseur de l’autodestruction. Quand on veut, on peut. Enfin, dans ce domaine de l’autodestruction en tout cas !

dimanche 14 juin 2009

L’odyssée du bathyscaphe, épisode huit: Les brise-glaces



Heures ont passé avant qu’une ombre passe au-dessus sous-marin. Etrange, pense petit cerveau félin naïf de Shââ, ombre dans les abysses, surtout venant de la surface. Shââ sait quelque chose a cassé glace là-haut. Pas tort. Shââ pas vraie notion de temps, mais peut dire que quelques instants plus tard, un treuil est tombé sur carlingue usée de Bathyscaphe.

Doc G a eu illumination qui l’a réveillé : « En…surface…un…brise-glace ! » a-t-il dit en marmonnant comme un chat. Voix avec qui Shââ a parlé se refait entendre dans le salon par radio.

Capitaine a entendu voix humaine. Passion pour la conquête et le pouvoir sur autres humains l’a réveillé. Il a repris la barre et le sous-marin a affronté la glace de concert avec le brise-glace et banquise tremblait. Cette masse gelée s’ébranlait et bathyscaphe vibrait. C’était très impressionnant, miaou. Résistance de banquise pourtant gigantesque. Rien lâcher.

Brise-glace nous encable. Ca aide notre propulsion affaiblie et sous-marin émerge doucement. Capitaine et Doc toujours resté la tête hors de l’eau, même lorsqu’ils en avaient jusqu’au cou. Eau qui enfin quitte navire. Shââ s’ébroue, humains font de même. Pas de besoin de serviettes non plus, miaou. Enorme boîte de sardine immense, mais déserte. C’est qu’il héberge une centrale nucléaire, beaucoup d’énergie, une vraie bombe atomique, miaou.

Doc, capitaine et Shââ aborder impressionnante bâtisse de fer rouge sans peur. Rien ne peut être plus périlleux que ce que nous avons affronté ensembles, miaou. Navire énorme et puissant, mais un peu vide. Shââ un peu déçu les promesses de façade et que sauveur un peu rouillé au final. Miaou bon. On fera avec.
Doc bien connaître les brise-glaces. Est glaciologue, après tout. Nous conduit dans les couloirs aux néons infrarouges et aux gros boulons. Il n’y a pas un chat, miaou. Il n’y a que Shââ comme félin pour aller aussi loin au Nord. Félins pas idiots. Mais pas problème actuelle. Où est voix mystérieuse ?

Sept couloirs tous identiques, et nous rencontrons enfin présence humaine de chair et d’os.

Grande dame aux cheveux rouges. Shââ se sent tout petit, mais pas menacé. Seule occupante vivante du navire, apparemment. Porte un uniforme différent de celui de capitaine.

Doc G : Bonjour.

Capitaine B : Bonjour, madame.

Inconnue : Mademoiselle. Je suis la commandante C, de la marine.
Capitaine B : Mes plus plates excuses, commandant. Capitaine B, de l’armée de terre ; et voici le docteur G, expert en glaciologie.
Capitaine au garde à vous. Shââ sait que protocole ainsi, mais trouver gestes ridicules.

Commandant C : Repos, capitaine. J’ai bien entendu vos appels de détresse et me suis renseignée sur votre identité et votre mission. Mon brise glace étant le navire d’intervention le plus proche, j’ai été dépêchée par le haut commandement à votre sauvetage.

Doc G : Ce dont nous vous sommes redevables et reconnaissants, commandant !

Capitaine B : Ne parlez pas trop vite en mon nom doc, je vous prie, hahaha !

Commandant C : Vous avez l’air en bonne santé après tout ce que vous avez traversé. Si vous avez un pépin, je peux vous cherchez de quoi vous soigner à l’infirmerie.
Doc G : Ca ira, merci.

Capitaine B : J’ai déjà connu bien pire, ça ira, haha !

Commandant C : Heureuse de vous l’entendre dire. Je vous ai préparé des couvertures chaudes, prenez-les. Occupez vous bien du chaton, il est tellement coco.

Doc G : Ne vous en faites pas pour lui, ce petit diable est plus solide qu’il n’y parait.

Commandant C : Désirez-vous à boire et à manger ?

Capitaine B : Juste un café, et un lait chaud pour Shââ.
Doc G : Thé vert si vous avez, je vous prie.

Commandant C : Je vais vous chercher ça.

Elle conduit capitaine et doc dans petite salle de repos. Des banquettes rouges usées autours d’une petite table. Eclairage artificiel comme dans sous-marin.
Jeune militaire humaine prépare et apporte elle-même boissons. Shââ très heureux d’être attablé en compagnie d’humains, et aussi de laper lait, table confortable, ronron. Shââ réchauffé de l’intérieur, c’est agréable, miaou.
Capitaine intéressé par commandante. Peut être convoiter nouveau trophée encore plus difficile à décrocher. Peut être fasciné par humaine qui sorte un peu de l’ordinaire.

Capitaine B : Vous faite le service, il n’y a personne de mieux placé ici pour une tâche aussi vile ?

Commandant C : Vous l’avez bien vu en arrivant, il n’y a que moi.

Capitaine B : Ouais, un vrai désert.

Commandant C : Mon désert.

Capitaine B : Certes ! Moi les déserts, ça me connaît. Je suis bien content d’en découvrir un d’un genre nouveau.
Commandant C : Oh, vous savez, ce n’est pas un désert bien compliqué. Ca parait grand comme ça, mais il faut bien cela pour faire avancer une telle machine. Il y a beaucoup de tâches automatisées, ce n’est pas si compliqué de piloter. Je n’ai pas besoin d’équipage, c’est moi qui fait tout ici. Je bricole quand il y a une avarie, je manœuvre quand il faut désincarcérer un navire pris au piège de la banquise.
Et quand vraiment il y a une panne sévère, je retourne au port pour réparation et ravitaillement. Oh, j’y reste jamais très longtemps, juste quelques jours, le temps que ça aille mieux.

Capitaine B : Ce sont des ports accessoires, en somme !

Commandant C : Exactement ! Ma passion à moi, c’est le large, la mer. La liberté, la navigation, c’est toute ma vie. J’aime bien être seule maîtresse à bord après Neptune. J’aime pas être attachée, qu’on me donne des ordres. Ou en donner, d’ailleurs.

Capitaine B : Quel dommage que nous ne puissions pas rester. Nous nous serions sûrement entendus à merveille vous et moi.

Commandant C : Si vous le dites. De toute façon, on se tient aux nouvelles. Je déteste quand mes protégés s’abiment. Mais si ça vous arrive, vous saurez qui appeler.

Doc G : C’est entendu. Encore merci pour le coup de main.
Commandant C : Il n’y a vraiment pas de quoi, c’est tout naturel. Faites bonne route.
Capitaine B traîner brusquement Shââ par les pattes, tout en saluant commandante avec chaleur et enthousiasme. Rejoindre sous-marin, poursuivre voyage.

Doc G : Qu’entendiez-vous par « nous entendre à merveille », capitaine ? Vous aviez l’air un peu envieux, que Shââ se fasse caresser et pas vous.
Doc observateur et moqueur.

Capitaine B : Oh, c’est bon, doc ! Je n’avais pas d’arrière pensée, hahaha ! On va pas se laisser détourner de notre cap par une nana, hein doc ?
Capitaine donner accolade franche et virile, toute en puissance.

Doc G : Certes, certes. Cela dit, je suis bien d’accord avec vous sur un point. Cette dame aux cheveux rouges a quelque chose…de particulier.

Capitaine B : Elle a surtout quelque chose, tout court. Ca change un peu des autres femmes.

Capitaine misogyne. Mais Shââ pas outré. Habitué, fait pas nouveau.

Capitaine B : C’la dit, c’est pas plus mal comme ça. Son désert, je le trouve simpliste, voir fadasse. Affronter la banquise avec un gros tank, c’est carrément trop facile à mon goût !!

Doc G : Alors que piloter le bathyscaphe, c’est un challenge tout en finesse ! Pas vrai, Shââ ?
Shââ : Miaou !

Doc G : Mais vous avez raison. Un désert bien plus passionnant nous attend. C’est pas avec cet énorme engin que nous irons au pôle. Et nous ne sommes pas seuls à bord, nous sommes trois amis sur qui compter !

Shââ : Miaou !

Capitaine B : Et c’est reparti, mon kiki !

Et Doc, capitaine et Shââ reprendre odyssée en compagnie de spectre de dame rouge. Magie étrange pour affronter de nouveaux obstacles encore plus étranges.

lundi 8 juin 2009

Européennes 2009

Le 08/06/2009 Boulogne-sur-mer



Juste un passage éclair pour féliciter l'excellent résultat d'Europe Ecologie hier 07 juin aux élections européennes. Les différents courants écologiques de gauche se sont enfin coalisés sous l'impulsion de Cohn-Bendit, et dans une conjecture favorable (avec la sortie de Home, le film de Yann Arthus Bertrand) cela s'est traduit par un score très honorable, et une troisième place méritée dans les résultats nationaux. Une leçon que devrait retenir un parti à l'organisation sclérosée et en panne d'idées ; je veux bien entendu parler du PS.

L'autre réaction que je tenais à faire partager ce lundi matin, c'est l'étonnante complicité des médias avec l'UMP, qui ne doit sa victoire qu'à la dispersion de l'opposition : si l'on additionne les scores des Verts et du PS, ces deux partis passent devant l'UMP. Le score cumulé de la gauche est supérieur à celui de la droite. Le nombre d'eurodéputés élus est équivalent sur l'ensemble de la France, le seul départage possible se trouvant au centre avec les (rares) élus du modem. Pourtant on veut nous vendre des cartes de France toutes bleues, alors que la gauche est en tête. Bizarre, bizarre. Peut être que les gauchistes français devraient méditer sur tout cela, le succès de la coalition verte et l'efficacité du parti de droite unique, s'ils veulent un jour gouverner.

Ah, une dernière chose, on a voulu dire que le vote sanction a été sanctionné. Si l'on s'en tient au modem et au PS, oui, cela est vrai. A mon avis, le vote sanction a existé. C'est le vote Europe Ecologie, le parti qui a eu mon suffrage lors de ce scrutin.

Ma source : lemonde.fr (il serait sûrement très intéressant de lire ce que libération a pensé de ces européennes, mais je suis au boulot).