lundi 26 juillet 2010

A cent à l’heure ! La suite…interminable…

Le 24/05/2010





L’attente a cela de rassurant que l’attentiste, passif par définition n’a pas d’impératif d’action. On attend dans le cas où il n’y a « rien à faire » pour obtenir le fruit de l’attente (bien nommé, puisqu’au final ce n’est que l’attente qui génère ce pour quoi on attend !)
On peut attendre aussi que ce que l’on a semé germe et porte ses fruits. Dans tous les cas, l’attentiste n’a rien, ou plus rien, à faire. Patienter. Verbe dont l’étymologie signifie « souffrir », « supporter ». Prendre son mal en patience, dit-on ; ce proverbe pourrait être généralisé à toute attente.
La passivité peut être rassurante. Dans le premier cas, c’est le confort d’obtenir ce que l’on souhaite par le seul travail du temps. Par exemple, l’échéance de l’anniversaire ! Dans le second cas, il y a souvent la satisfaction du travail accompli. On a fait ce qu’il fallait, ce que l’on devait, on a fait sa part du marché. Il ne reste plus qu’à contempler, béat, la plante germer, pousser, donner ses fruits. Et encore la satisfaction et le soulagement de penser que le temps travaille pour nous.

Mais c’est précisément parce que toute attente implique nécessairement un « autre » ou « quelque chose » qui va agir pendant l’attente. Quelque chose ou quelqu’un qui n’est pas nous et à qui il faut vouer une sacrée confiance. Au risque de voir l’attente déçue ! Ce qui est d’autant plus dur dans le cas où l’objet de l’attente avait exigé un investissement de la part de celui qui attend. Non seulement ce spectre de la déception plane, anxiogène, mais l’attentiste sait que les dés sont jetés, qu’il n’a plus de pouvoir sur le déroulement de l’action. Un déroulement qui peut se passer en dehors de son regard, avec l’angoissante incertitude qui va avec.

Attendre, c’est encore souvent attendre que quelqu’un s’occupe de nous. Que ce soit le chauffeur du métro, la caissière, le médecin ou même un ami auquel on aurait donné rendez-vous. Là encore, il est impossible de ne pas faire confiance. La ponctualité de l’autre ne dépend pas de nous, mais est presque contractuelle de nos jours… La montre règle l’horloge de nos existences.

A l’heure de l’instantané, où les données s’échangent à la vitesse de la lumière numérique, attendre est difficilement supportable… La notion du temps est nettement bousculée. Ou ce train nous mène-t-il ? La patience est-elle en voie de disparition ? Finalement, l’attente, et à fortiori les attentes, sont une notion passée de mode. Vive la société de l’impatience et du TGV !

La porte de toutes les questions

Décembres 2008. Bayonne.




Devant moi, une porte. Toi, tu serais entré sans te poser de questions, non ? Moi non, ce serait beaucoup trop simple.

Déjà, j’ai commencé par frapper. Bien entendu. Puis j’ai contrôlé l’intérieur par le trou de la serrure. J’ai tourné la poignée du bout de la main. Limite si j’avais pu mettre des gants, je l’aurais fait. J’entrouvre le bois en prenant garde à ne pas le faire grincer.

Et une fois la porte ouverte, je devrais être arrivé, pas vrai ? Que nenni ! Je ne peux pas m’empêcher de lancer un tour d’horizon très minutieux et rigoureux pour déceler toute anomalie dans la pièce. Je pose ensuite un orteil ou deux sur le parquet, pour évaluer la stabilité du sol. Je sortirais même bien un compteur Geiger… Pour vérifier si l’air n’est pas radioactif !

Une fois la panoplie de tests effectués, je suis enfin en confiance. Je me détends, et m’élance, confiant, vers le milieu de la pièce enfin conquise. Et c’est à ce moment-là que mon front heurte la poutre qui se trouvait juste devant mon nez et que je n’avais pas remarqué alors qu’on ne voyait que ça.

La morale de cette histoire, il ne faut pas chercher à tout prévoir. La paranoïa pousse à une conduite sécuritaire, mais l’être humain dans son imperfection ne peut tout envisager, et encore moins se prémunir de tout. On peut réduire les risques, mais pas les éliminer…Alors, à quoi bon se miner pour cela ?
Inutile de craindre une incursion de ninjas, on peut bien laisser une fenêtre ouverte deux secondes. Pas la peine de redouter une chute d’astéroïde, on ne pourrait rien y faire de toute façon…La sagesse est de ne pas y songer…Sinon d’en rire !

A cent à l'heure !



Chapitre I : « Grand maître d'anatomie et d'échecs » :

Assis à côté de la charmante STL, je n'ai d'autre occupation que méditer sur la dureté de l'épreuve d'anatomie. Ils écrivent, déglutissent leur savoir, à un rythme effréné. A cent à l'heure. C'est la condition sine qua non pour réussir ce marathon d'une heure ; à l'issue de laquelle quelques 300 mots sont attendus...Autant le dire, même à cent à l'heure, c'est dur !
Ou est-ce dur...parce que c'est rapide ?

Je suis persuadé que le temps est le premier facteur déterminant la réussite... ou l'échec.
En chimie, on dira d'une réaction à la cinétique lente qu'elle est « impossible ». Impossible, c'est aussi ce que l'on dira à celui qui voudrait mesurer la longueur d'une autoroute armé d'un double décimètre. Pourtant, aucune loi physique n'empêche un tel exploit... juste que le bonhomme n'aura « humainement » pas le temps de le réaliser. Cette dictature de la cinétique est incroyablement présente, on peut trouver des causes temporelles à tout un tas de problèmes :

- Accident de la route ? Trop de temps mis à éviter un obstacle. Quel que soit le niveau de conduite et d'ébriété, l'action qui aurait éviter le drame était réalisable, mais n'a pas été exécutée assez VITE.

- Echec scolaire ? Peut être que l'élève est capable de comprendre ce qu'on lui enseigne, mais sis on rythme est inférieur aux standards exigés, il sera toujours en retard et décrochera.

-De manière plus parlante et aussi plus évidente, notons la présence du facteur TEMPS et donc de VITESSE dans de nombreux sports.

Si souvent la vitesse est à la fois le moyen et la fin de la compétition (courses en tout genre), le facteur temps est un excellent moyen d'introduire un challenge même dans un domaine où il n'intervient pas naturellement. Je pense surtout aux Echecs, jeu au tour par tour, ce qui devrait exclure toute influence de la cinétique. Et pourtant, les pendules infernales sont là. N'importe qui peut pousser les pièces sur l'échiquier, mais les Grands Maîtres procèdent aux mêmes coups beaucoup plus vite.

Alors c'est ça ? La différence entre « le bon » et « le nul », c'est une simple histoire de minutes, de secondes ?
Bah oui. Prends n'importe quelle activité que tu penses impossible à réaliser ou que tu ne saches pas faire...Et bien dans l'immense majorité des cas, à force d'acharnement et de temps consacré, on y arrive. Seulement, ça aura prit plus de temps que si la même chose avait été demandée à un « pro » ; plus généralement quelqu'un de plus « apte » ou expérimenté.

Ca te parait incroyable ? Mais non, le temps est la clé de tout. C'est un principe universel qui régissait le monde de la physique depuis le Big-bang, avant de s'intégrer à celui de la chimie ; et plus tard, à celui du vivant. Nos lointains ancêtres les premières cellules subissaient déjà le dictat de la cinétique, devant assurer un minimum vital d'efficacité (autrement dit : de RAPIDITE.) dans son métabolisme sous peine de mourir toutes seules, ou encore de la concurrence de voisines plus efficaces. Ca te parle ? Parce que l'on retrouve les principes de l'évolution et la sélection naturelle : aller de plus en plus vite.
Peu importe la manière, celui qui fait mieux, c'est seulement celui qui fait vite !

Alors, nous sommes condamnés par les lois universelles à ne reposer que sur la vitesse ? Et bien d'après moi, le paradoxe qui nous turlupine la tête (cette omniprésence du temps est quand même inquiétante, non ?) vient d'un autre principe ancré dans notre esprit.
Celui de l'exigence. L'Humanité va à 100 à l'heure, mais elle se serait déjà effondrée sur elle-même si elle n'avait pas pris soin de consolider ses acquis.
« Vite fait, bien fait » dit-on. La vitesse n'est plus le seul critère ; il faut que la production soit solide. La logique est simple et irréfutable : l'homme est mortel, l'Humanité a une longévité plus importante. Nous sommes donc tiraillés entre l'empressement du fait de notre existence emprisonnée par les lois de la nature ; et la nécessité de bâtir su solide pour que l'Humanité progresse...Or, la perfection ne s'obtient que lentement. Il faut quelques jours pour dresser une cabane ; mais parfois des siècles pour une cathédrale. La première ne résistera pas longtemps. La seconde survivra aux âges.
La souris a un métabolisme bien plus rapide que la baleine. Mais elle meure aussi plus rapidement. C'est particulièrement vrai dans notre société humaine : ce qui est vite fait est éphémère, seules les œuvres d'une vie perdurent...

Le malaise contemporain vis-à-vis de la rapidité de la vie est entier basé sur ce paradoxe. De plus, avec la mondialisation, l'éveil de toute l'Humanité à « l'Heure Mondiale du Progrès », la cinétique globale croit de façon exponentielle. La course à la richesse, au pouvoir a placé la société devant une nouvelle obligation : que tout le monde fasse bien, certes, mais de plus en plus vite. Cela est désolant sous deux aspects : tout d'abord le nombre de terriens est bien trop élevé pour que les ressources mondiales supportent une Humanité lancée à pleine vitesse. De plus, ces nouvelles exigences d'efficacité « cinétique » des peuples contraint quiconque à égaler le niveau des Grands Maîtres sous peine de passer pour moins que rien.
Ne nous étonnons que les humains soient frustrés ; et que les autres vivants pâtissent de leur course folle !

Comme il n'est pas concevable au commun des mortels d'être Grand Maître dans tous les domaines ; la course au développement se double forcément d'une course à la spécialisation. Mais cela fait l'objet d'un autre débat.

Revenons à nos moutons. Faut-il blâmer les hommes d'aller trop vite ? Ou encore leur civilisation de les inciter à aller vite ? Après tout, il est non seulement autorisé, mais surtout impératif, sur autoroute, de foncer, à 100 à l'heure.


Chapitre II : "Limitation de vitesse et tempo"

« Tout est question de rythme ». Si tu n'en est toujours pas convaincu, rappelles-toi que le temps, défini par l'humain du moins, n'est pas linéaire mais cyclique. Il est défini par des cycles réguliers (le jour, l'an, etc.) Encore à l'heure actuelle, le seul moyen de percevoir le temps universel consiste à reposer sur des phénomènes périodiques. Le calendrier linéaire n'est qu'un enchaînement de ces cycles mis bout à bout. Et chez homo sapiens, l'animal de chair ?
Nul ne sait à quoi ressemble notre calendrier interne ; est-il inscrit dans notre génome ? Quel est le témoin physiologique des années ? Peut être ne le saura t'on jamais... car notre temps biologique est lui aussi cyclique. La Vie repose sur de nombreux événements périodiques, les plus évidents sont ceux du cœur et du cerveau.

- Je cours et mon corps me réclame davantage d'oxygène, ce fameux élément indispensable au métabolisme de mes cellules. La machine interne s'emballe, le métabolisme s'accélère : et ce sont deux cycles visibles qui assurent l'accélération du travail musculaire : celui de la respiration et celui de la circulation.

- Ce que l'on sait moins, c'est que le cerveau fonctionne aussi en boucle. La preuve en est les cycles du sommeil, réglé comme un métronome. Si le rythme cérébral n'existait pas, l'être humain n'aurait probablement aucune conscience de la dimension temporelle. Au crédit de cette théorie on doit rajouter l'argument de la détente intellectuelle obligatoire : le cerveau ne pourrait pas fonctionner en continue du fait de son mode cyclique.

D'une part, ces deux cycles sont prédominants par rapport aux autres dans la vie d'homo sapiens ; et déterminant dans la personnalité de cet animal. Si le rythme cardiaque prend le dessus, l'individu est davantage dans l'action, actif donc. Si le cerveau est plus rapide, il est dans la réflexion, donc il est réactif. Les mots parlent d'eux même. Si les deux cycles sont en phase, l'individu est en phase. C'est logique à filer des frissons.

Après cette longue définition du tempo vital, comparons le au problème initial.
Quand la machine est poussée à bout, elle finit par dérailler. Pousser le sport au-delà des limites, le cœur risque de lâcher. Le cerveau aussi à ses limites, si son rythme de travail est dépassé c'est la fatigue nerveuse garantie. Bonjour la migraine ! Pourtant, ces athlètes organiques ont des obligations de performances. Trop de lenteur et c'est l'arrêt cardiaque, ou pire, la mort cérébrale. Sans parler de ces extrêmes, on constate que le cœur et l'esprit doivent fonctionner à un rythme optimal, mais sans dépasser les limites. Comme sur une autoroute : il ne faut pas rouler trop lentement ; mais dépasser les limites de vitesse c'est prendre un risque d'accident ou de tomber en panne d'essence très, très vite.

C'est ainsi que je vois la course au progrès. Si les cycles ne sont pas synchronisés, s'ils vont au-delà de leurs capacités ; et c'est le cas vu les ressources actuelles de la planète Terre, le véhicule se dirige droit dans le mur. L'harmonisation de la vitesse de fonctionnement de la machine humaine est impérative.
Sur la route, ne conduisez pas comme des brutaux, ménagez votre moteur. Et levez le pied.



Le Baptistisime.

Les rêves mentent-ils ? Episode 43

Printemps 2006 Saint-Médard-en-Groute

Autre nuit, autre cadre, même combat. Un vaste building. L'atmosphère est pareillement pesante, mais on ne peut plus angoissante : à mi chemin entre le crépuscule et la grisaille. Je ne tiens pas en place dans cette prison. Eprouvé-je le besoin d'explorer frénétiquement cet espace inconnu et infiniment vaste, paniqué par la foultitude de directions que je peux emprunter ? Ou me sens-je oppressé par un ennemi invisible, car infiniment nombreux, tel une nuée de fantômes volant autours de ma tête ?

L'atmosphère est à l'orage, il faut bien qu'il éclate. Je parviens finalement au sommet ; et l'aboutissement de ma fureur ; la fin de ma course folle, est ma chute.

Sans intention de me nuire, sans hésitation, je me jette du haut de la tour.

Je sens le vent sur mon visage, la vitesse, l'exaltation liée à cela et à la vue. Admirant dans un éclair l'immensité du building défiler devant mon regard.

Alors que je cherche tranquillement un moyen de ne pas souffrir de la réception au sol, je vois une ombre cheminer à terre, converger vers mon point de crash.

« Pousse-toi ! » pensé-je, ne souhaitant pas partager les dégâts liés à ma chute avec cet infortuné passant, que je finis par distinguer, à ma grande surprise : A.M

Egalement surprise, mais pas affolée, elle s'immobilise au « mauvais » endroit et lève également la tête vers moi.

La suite est inéluctable. L'improbable rencontre « géographique » a lieu, curieusement moins douloureuse que prévu.

Bien que cette situation ressemble à un hasard, n'est –ce pas la solution que je cherchais en me jetant de haut ?

mardi 20 juillet 2010

Les rêves mentent-ils ? Episode 52

Avril 2009 Ma piaule à Lille

Je me retrouve ce soir sur les bancs d’une école, une petite classe par une nuit d’hiver. Seule la lumière artificielle des néons illumine le tableau noir. Je ne distingue pas le visage de l’enseignant. Je suis assis à une table, et je réfléchis au sujet du jour. Nous effectuons un brainstorming sur le thème « orange ».
Bien que je sois endormi, de nombreuses idées assez conscientes et précises fusent à travers mon esprit. Je pense d’abord au fruit, et je ne sais pour quelle raison, à son écorce amère, à sa chair acidulé, qui rendent ce fruit moins populaire que d’autres. Je me rappelle alors que l’orange n’est pas forcément un fruit, mais une couleur. Je pense alors au maillot des footballeurs néerlandais, à des symboles, à des étendards (mais sans plus de précision) et au feu tricolore. Drôle de pérégrinations intellectuelles nocturnes et fugaces.

Je me vois ensuite m’éveiller subitement près du marché de Wazemmes par une belle journée lilloise ensoleillée. Je suis chargé comme une bourrique de divers sacs qui encombrent mes bras. Je suis d’humeur pressée. Mon objectif s’impose à moi : je dois prendre prestement le train à la gare. Je suis déjà en sueur, nul doute que j’ai déjà couru aux quatre coins de la métropole comme ça m’arrive souvent. Je regarde une montre, je suis en retard ! Mon timing est serré, chaque seconde compte.
Je reprends ma course effrénée vers le marché, mais mon trottoir est obstrué par des travaux. Une grande grille contourne un trou dans le sol et l’isole des passants imprudents. Mais je ne suis pas un passant ordinaire, je tente alors de couper par cette zone à risque. Grand mal m’a pris de jouer ce coup, la barrière est totalement hermétique ! Me voilà contraint de me dégager et de faire le tour comme tout le monde, je rage un peu.

Finalement je parviens à la station. J’ai juste assez de temps pour me rendre à la station de métro. Si je parviens à prendre la prochaine rame, c’est encore jouable. L’entendant arriver, je pars sur les starting blocks. Je traverse la station, emprunte les escaliers que je dévale à grandes enjambées, quand je vois que juste devant moi, une jeune fille obstrue le passage en marchant en plein milieu de l’escalier.

Encombré comme je le suis, je ne peux la dépasser sans lui flanquer un grand coup de sac. Il me faut alors ralentir mon pas, et la contourner à grands coups de « pardon, excusez-moi ». Ce faisant, elle est presqu’outrée, surprise par mon empressement. Le sprint final se solde par un échec retentissant : les portes de la rame se ferment juste devant moi et le train me fuit d’un cheveu.

Me voilà seul dans la station en compagnie de cette personne fort charmante par ailleurs, qui m’adresse un regard plein d’incompréhension par rapport ma fureur. J’engage alors la conversation.

« C’est pas que je t’en veuille, mais là j’ai manqué le métro et après ça va être galère pour avoir mon train ».

Nous nous détendons. Finalement en jetant un coup d’œil à ma montre, il me reste une demi-heure avant le départ du train. Etant à Gambetta, c’est plus qu’il n’en faut si le prochain métro ne tarde pas. Il faudrait juste courir vite une fois à la gare. Mon infortunée détraqueuse et moi embarquons dans le métro suivant. J’en profite pour faire du ménage dans mes sacs. Voilà mon sac de linge sale, voilà mon sac à dos remplis de factures, de papiers, de bouquins, voilà un autre sac en plastique contenant je ne sais plus quoi. Je garde le sac à dos…sur mon dos, et emboîte les sacs les uns sur les autres pour gagner de la place. Mais alors se pose à moi la question… et ma valise toute conne, elle est où ? Avec mes fringues, mon ordinateur portable ?

Elle manque à l’appel ! Pourtant, elle n’est pas tombée, on ne me l’a pas volée. C’est juste que j’ai oublié de la prendre avec moi en quittant mon appartement. Partir avec mon bagage principal, c’était le plus évident acte à accomplir de la journée. Ce fut le seul auquel j’avais manqué. Gros comme le nez au milieu du visage…
Bah, c’est assez inconséquent, ce que j’ai oublié n’est pas perdu, ça va me manquer que temporairement. Mais bon, quel étourdi… Sur ce mon songe s’achève.

Enfin, je me vois dans de nouveaux ébats imaginaires. Cela se passe visiblement en extérieur, l’ambiance lumineuse est la même que celle de l’épisode précédent. J’ai du mal à identifier plus précisément où je me trouve et encore moins ma partenaire du jour (peut être la jeune fille du métro ?). En tout cas ma compagne est très souriante et agréable à regarder. Elle s’assoit sur mes genoux face à moi avec beaucoup d’entrain et de gourmandise, alors que je suis moi-même assis en tailleur. Et ravi d’être en compagnie de cette créature dont la peau reflète si bien la lumière éblouissante de cette agréable journée. Le début de la rencontre se passe sans accroc, nous nous abandonnons l’un à l’autre avec un certain naturel et un plaisir partagé. Mais soudain de spectateur enchanté je redeviens acteur et commence alors à me prendre la tête. Craignant de manière quasi maladive les virus, je constate que le moi qui a engagé le rapport a eu la grande idée de se protéger. Un poids de moins… mais aussi un frein à la spontanéité du moment ! Et aussi, je le reconnais, à ma propre sensibilité… Arg ! Que c’est difficile de partager ce genre de sensations… D’abord concentré sur l’effet que je produis par mes efforts sur ma partenaire, je cherche finalement à penser à d’autres scènes érotiques pour m’assurer d’assurer. Et de parvenir à mon propre plaisir malgré l’incommodant latex. Je m’en veux d’être aussi peu naturel et de réfléchir autant quand je pourrais… je sais pas, juste profiter de ce moment ?

Ma complice finit par s’en apercevoir, et en rigole, se moquant gentiment de moi. Elle me reproche, amusée, de ne pas être à ce que je fais. Ce qui est vrai. A trop penser, on ne fait pas assez. Mais ne pas penser, ce serait ne plus être moi. L’enseignement de ce conte coquin est qu’une fois de plus, le juste milieu, l’équilibre, est ce qui permet de vivre sereinement.

lundi 19 juillet 2010

Hommes citadins, rats des villes

Homme citadins, rats des villes.


26 mai 2010. Entre trois gares SNCF et 6 stations de métro.





Aller à la gare, comme aller à la guerre, comme aller à l’abattoir. C’est fou comme les humains ont le chic pour avoir envie de la même chose au même moment. Ca prête à sourire quand plusieurs individus se ruent sur les toilettes de concert. Coïncidence ? Effet de groupe ? Lien télépathique inconnu ? Quoi que situation amusante, un problème se pose : il n’y a pas toujours assez de siège pour tous. L’envie entraine alors une compétition impitoyable un jeu des chaises musicales terribles, seuls les premiers seront servis, et survivront. A condition de ne pas se faire piétiner par la bousculade paniquée, bien entendu.

Pourtant, des solutions simples, évidentes et non couteuses existaient. Comme faire ses besoins préventivement, AVANT cette fameuse soirée arrosée où l’on s’entasse à dix dans un studio fort peu équipé en sanitaires. Ou à défaut, les faire après avoir absorbé son litre de bière, mais avant d’en ressentir les effets.
Mon exemple prête à sourire, et pourtant il illustre bien une chose : les bousculades pourraient être évitées à condition de faire preuve :

1 : D’anticipation
2 : D’observation des autres
3 : De sens pratique
3 qualités indéniablement présentes chez l’humain, mais pas chez l’humain collectif. La preuve ? 2e exemple.
J’arrive à la gare St Lézard. Le Paris- Le Havre n’est pas encore affiché. Une trentaine de pèlerins, bien ancrés à leur valise, scrutent interminablement le panneau. Bon. La voie de départ s’affiche finalement, le même que la veille.
Dans la seconde, les valises se déracinent et tous les humains convergent vers le seul et unique composteur de la voie concernée. Cela constitue un attroupement qui s’organise plus ou moins pacifiquement en file. Bon. La longue file s’allonge encore, alors que les voyageurs ne parviennent pas à composter leur billet. Ces voyageurs malheureux multiplient les tentatives infructueuses, paniquent davantage à chaque échec, car les (pour) suivants s’impatientent. Bon.



Moi ? Moi, je suis déjà assis dans le train. J’avais composté dès mon arrivée à la gare. Et si la queue s’était déjà formée quand j’ai débarqué ? J’ai composté sur la machine d’une autre voie. J’ai peut être tort. Celle de la voie 25 doit avoir quelque chose de spécial, vu que tout le monde la veut.
En fait, le problème nouveau propre à cet exemple, c’est que l’homme collectif a aussi la mémoire courte. Vas pas me dire qu’aucun de ces voyageurs n’a déjà pris ce TER ?!

Vas pas me faire croire qu’AUCUN n’a déjà râlé de faire la queue pour composter un fichu ticket ! Pourtant, la troupe commet joyeusement la même erreur collective chaque jour de la semaine. Heureusement que je ne prends ce train que deux jours par semaine…J’aurais beaucoup de peine si je devais les voir comme ça tous les jours, ces moutons.



Autre exemple. Le métro lyonnais entre dans une station bondée. Devant la porte de la première voiture, tous les voyageurs convergent. Il se forme une bulle noire, comme une nappe de pétrole, qui cherche à s’engouffrer comme une chasse d’eau dans la cuvette des chiottes. La mécanique des fluides s’opèrent : tourbillons, remous, et ça s’bouscule au portillon.

L’autre problème de l’humain en société, c’est qu’il veut toujours être en tête de rame. L’homme citadin prendrait le risque de rester à quai ou de se faire déchiqueter par la foule en délire pour le seul bénéfice de sentir les autres concurrents lui reluquer le derrière. Faire la course en tête, même si au final il n’arrivera que vingt secondes avant le second. Et surtout, se battre pour avoir la meilleure place, les meilleurs privilèges. Ou ce qu’il croit être comme tel.

Moi, j’ai pas cherché à être dans la première voiture. J’ai trainé ma valise sur toute la longueur du train comme un ailier de rugby qui évite la mêlée, et je me suis engouffré à temps à l’arrière du train. Où bizarrement je n’éprouvai aucune difficulté à nous faire une place à ma valise et moi. Arrivé à destination, quand le bétail livrait bataille pour les escalators et leur confort paresseux, me ralentissant par la même occasion, moi j’empoignai ma valise, virait au large et empruntai les escaliers « manuels ».

Alors, est-ce de la fuite ? Pour vivre heureux, pour survivre tranquilles, courage, fuyons ! J’esquive, je détourne mon bonhomme de chemin momentanément sans changer de cap. Vous appelez ça « pas d’couilles ? » Moi je réponds « stoïcisme » et « pragmatisme ». Entre la tribu des bulldozers qui enfoncent les murs et celle des chats qui passent par la chatière, j’ai choisi mon camp. A bons entendeurs, bonswar.