mardi 20 juillet 2010

Les rêves mentent-ils ? Episode 52

Avril 2009 Ma piaule à Lille

Je me retrouve ce soir sur les bancs d’une école, une petite classe par une nuit d’hiver. Seule la lumière artificielle des néons illumine le tableau noir. Je ne distingue pas le visage de l’enseignant. Je suis assis à une table, et je réfléchis au sujet du jour. Nous effectuons un brainstorming sur le thème « orange ».
Bien que je sois endormi, de nombreuses idées assez conscientes et précises fusent à travers mon esprit. Je pense d’abord au fruit, et je ne sais pour quelle raison, à son écorce amère, à sa chair acidulé, qui rendent ce fruit moins populaire que d’autres. Je me rappelle alors que l’orange n’est pas forcément un fruit, mais une couleur. Je pense alors au maillot des footballeurs néerlandais, à des symboles, à des étendards (mais sans plus de précision) et au feu tricolore. Drôle de pérégrinations intellectuelles nocturnes et fugaces.

Je me vois ensuite m’éveiller subitement près du marché de Wazemmes par une belle journée lilloise ensoleillée. Je suis chargé comme une bourrique de divers sacs qui encombrent mes bras. Je suis d’humeur pressée. Mon objectif s’impose à moi : je dois prendre prestement le train à la gare. Je suis déjà en sueur, nul doute que j’ai déjà couru aux quatre coins de la métropole comme ça m’arrive souvent. Je regarde une montre, je suis en retard ! Mon timing est serré, chaque seconde compte.
Je reprends ma course effrénée vers le marché, mais mon trottoir est obstrué par des travaux. Une grande grille contourne un trou dans le sol et l’isole des passants imprudents. Mais je ne suis pas un passant ordinaire, je tente alors de couper par cette zone à risque. Grand mal m’a pris de jouer ce coup, la barrière est totalement hermétique ! Me voilà contraint de me dégager et de faire le tour comme tout le monde, je rage un peu.

Finalement je parviens à la station. J’ai juste assez de temps pour me rendre à la station de métro. Si je parviens à prendre la prochaine rame, c’est encore jouable. L’entendant arriver, je pars sur les starting blocks. Je traverse la station, emprunte les escaliers que je dévale à grandes enjambées, quand je vois que juste devant moi, une jeune fille obstrue le passage en marchant en plein milieu de l’escalier.

Encombré comme je le suis, je ne peux la dépasser sans lui flanquer un grand coup de sac. Il me faut alors ralentir mon pas, et la contourner à grands coups de « pardon, excusez-moi ». Ce faisant, elle est presqu’outrée, surprise par mon empressement. Le sprint final se solde par un échec retentissant : les portes de la rame se ferment juste devant moi et le train me fuit d’un cheveu.

Me voilà seul dans la station en compagnie de cette personne fort charmante par ailleurs, qui m’adresse un regard plein d’incompréhension par rapport ma fureur. J’engage alors la conversation.

« C’est pas que je t’en veuille, mais là j’ai manqué le métro et après ça va être galère pour avoir mon train ».

Nous nous détendons. Finalement en jetant un coup d’œil à ma montre, il me reste une demi-heure avant le départ du train. Etant à Gambetta, c’est plus qu’il n’en faut si le prochain métro ne tarde pas. Il faudrait juste courir vite une fois à la gare. Mon infortunée détraqueuse et moi embarquons dans le métro suivant. J’en profite pour faire du ménage dans mes sacs. Voilà mon sac de linge sale, voilà mon sac à dos remplis de factures, de papiers, de bouquins, voilà un autre sac en plastique contenant je ne sais plus quoi. Je garde le sac à dos…sur mon dos, et emboîte les sacs les uns sur les autres pour gagner de la place. Mais alors se pose à moi la question… et ma valise toute conne, elle est où ? Avec mes fringues, mon ordinateur portable ?

Elle manque à l’appel ! Pourtant, elle n’est pas tombée, on ne me l’a pas volée. C’est juste que j’ai oublié de la prendre avec moi en quittant mon appartement. Partir avec mon bagage principal, c’était le plus évident acte à accomplir de la journée. Ce fut le seul auquel j’avais manqué. Gros comme le nez au milieu du visage…
Bah, c’est assez inconséquent, ce que j’ai oublié n’est pas perdu, ça va me manquer que temporairement. Mais bon, quel étourdi… Sur ce mon songe s’achève.

Enfin, je me vois dans de nouveaux ébats imaginaires. Cela se passe visiblement en extérieur, l’ambiance lumineuse est la même que celle de l’épisode précédent. J’ai du mal à identifier plus précisément où je me trouve et encore moins ma partenaire du jour (peut être la jeune fille du métro ?). En tout cas ma compagne est très souriante et agréable à regarder. Elle s’assoit sur mes genoux face à moi avec beaucoup d’entrain et de gourmandise, alors que je suis moi-même assis en tailleur. Et ravi d’être en compagnie de cette créature dont la peau reflète si bien la lumière éblouissante de cette agréable journée. Le début de la rencontre se passe sans accroc, nous nous abandonnons l’un à l’autre avec un certain naturel et un plaisir partagé. Mais soudain de spectateur enchanté je redeviens acteur et commence alors à me prendre la tête. Craignant de manière quasi maladive les virus, je constate que le moi qui a engagé le rapport a eu la grande idée de se protéger. Un poids de moins… mais aussi un frein à la spontanéité du moment ! Et aussi, je le reconnais, à ma propre sensibilité… Arg ! Que c’est difficile de partager ce genre de sensations… D’abord concentré sur l’effet que je produis par mes efforts sur ma partenaire, je cherche finalement à penser à d’autres scènes érotiques pour m’assurer d’assurer. Et de parvenir à mon propre plaisir malgré l’incommodant latex. Je m’en veux d’être aussi peu naturel et de réfléchir autant quand je pourrais… je sais pas, juste profiter de ce moment ?

Ma complice finit par s’en apercevoir, et en rigole, se moquant gentiment de moi. Elle me reproche, amusée, de ne pas être à ce que je fais. Ce qui est vrai. A trop penser, on ne fait pas assez. Mais ne pas penser, ce serait ne plus être moi. L’enseignement de ce conte coquin est qu’une fois de plus, le juste milieu, l’équilibre, est ce qui permet de vivre sereinement.

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