lundi 19 juillet 2010

Hommes citadins, rats des villes

Homme citadins, rats des villes.


26 mai 2010. Entre trois gares SNCF et 6 stations de métro.





Aller à la gare, comme aller à la guerre, comme aller à l’abattoir. C’est fou comme les humains ont le chic pour avoir envie de la même chose au même moment. Ca prête à sourire quand plusieurs individus se ruent sur les toilettes de concert. Coïncidence ? Effet de groupe ? Lien télépathique inconnu ? Quoi que situation amusante, un problème se pose : il n’y a pas toujours assez de siège pour tous. L’envie entraine alors une compétition impitoyable un jeu des chaises musicales terribles, seuls les premiers seront servis, et survivront. A condition de ne pas se faire piétiner par la bousculade paniquée, bien entendu.

Pourtant, des solutions simples, évidentes et non couteuses existaient. Comme faire ses besoins préventivement, AVANT cette fameuse soirée arrosée où l’on s’entasse à dix dans un studio fort peu équipé en sanitaires. Ou à défaut, les faire après avoir absorbé son litre de bière, mais avant d’en ressentir les effets.
Mon exemple prête à sourire, et pourtant il illustre bien une chose : les bousculades pourraient être évitées à condition de faire preuve :

1 : D’anticipation
2 : D’observation des autres
3 : De sens pratique
3 qualités indéniablement présentes chez l’humain, mais pas chez l’humain collectif. La preuve ? 2e exemple.
J’arrive à la gare St Lézard. Le Paris- Le Havre n’est pas encore affiché. Une trentaine de pèlerins, bien ancrés à leur valise, scrutent interminablement le panneau. Bon. La voie de départ s’affiche finalement, le même que la veille.
Dans la seconde, les valises se déracinent et tous les humains convergent vers le seul et unique composteur de la voie concernée. Cela constitue un attroupement qui s’organise plus ou moins pacifiquement en file. Bon. La longue file s’allonge encore, alors que les voyageurs ne parviennent pas à composter leur billet. Ces voyageurs malheureux multiplient les tentatives infructueuses, paniquent davantage à chaque échec, car les (pour) suivants s’impatientent. Bon.



Moi ? Moi, je suis déjà assis dans le train. J’avais composté dès mon arrivée à la gare. Et si la queue s’était déjà formée quand j’ai débarqué ? J’ai composté sur la machine d’une autre voie. J’ai peut être tort. Celle de la voie 25 doit avoir quelque chose de spécial, vu que tout le monde la veut.
En fait, le problème nouveau propre à cet exemple, c’est que l’homme collectif a aussi la mémoire courte. Vas pas me dire qu’aucun de ces voyageurs n’a déjà pris ce TER ?!

Vas pas me faire croire qu’AUCUN n’a déjà râlé de faire la queue pour composter un fichu ticket ! Pourtant, la troupe commet joyeusement la même erreur collective chaque jour de la semaine. Heureusement que je ne prends ce train que deux jours par semaine…J’aurais beaucoup de peine si je devais les voir comme ça tous les jours, ces moutons.



Autre exemple. Le métro lyonnais entre dans une station bondée. Devant la porte de la première voiture, tous les voyageurs convergent. Il se forme une bulle noire, comme une nappe de pétrole, qui cherche à s’engouffrer comme une chasse d’eau dans la cuvette des chiottes. La mécanique des fluides s’opèrent : tourbillons, remous, et ça s’bouscule au portillon.

L’autre problème de l’humain en société, c’est qu’il veut toujours être en tête de rame. L’homme citadin prendrait le risque de rester à quai ou de se faire déchiqueter par la foule en délire pour le seul bénéfice de sentir les autres concurrents lui reluquer le derrière. Faire la course en tête, même si au final il n’arrivera que vingt secondes avant le second. Et surtout, se battre pour avoir la meilleure place, les meilleurs privilèges. Ou ce qu’il croit être comme tel.

Moi, j’ai pas cherché à être dans la première voiture. J’ai trainé ma valise sur toute la longueur du train comme un ailier de rugby qui évite la mêlée, et je me suis engouffré à temps à l’arrière du train. Où bizarrement je n’éprouvai aucune difficulté à nous faire une place à ma valise et moi. Arrivé à destination, quand le bétail livrait bataille pour les escalators et leur confort paresseux, me ralentissant par la même occasion, moi j’empoignai ma valise, virait au large et empruntai les escaliers « manuels ».

Alors, est-ce de la fuite ? Pour vivre heureux, pour survivre tranquilles, courage, fuyons ! J’esquive, je détourne mon bonhomme de chemin momentanément sans changer de cap. Vous appelez ça « pas d’couilles ? » Moi je réponds « stoïcisme » et « pragmatisme ». Entre la tribu des bulldozers qui enfoncent les murs et celle des chats qui passent par la chatière, j’ai choisi mon camp. A bons entendeurs, bonswar.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien ce post car j'ai le même comportement vis-à-vis des "masses", et ce depuis mon plus jeune âge... Même sans aucun avantage j'ai toujours aimé faire "pas comme les autres". Par exemple je me souviens au collège, tout le monde tournait dans le même sens à la récréation, tout autour de la cour. Hé bien moi, je marchais en long et en large en la traversant. AUcun intérêt si ce n'est se sentir à contre courant. Inné ? En tout cas cette stratégie d'outsider met permet parfois de mieux vivre (comme passer avant tout le monde car on a composté avant) mais en même temps attention à ne pas se faire remarquer, la foule n'aime pas les "moutons noirs", ceux qui ne se comportent pas comme "elle" (la foule).
Le mieux c'est d'être berger. (vétérinaire dans mon cas).

Baptistisime a dit…

Merci pour ce commentaire ! Effectivement, il ne faut pas se faire remarquer. c'est tout l'art de faire dans la déviance sans se faire prendre ! On peut aussi être le chien du berger, courir partout, pas forcément dans les traces des autres,sortir du sentier, explorer les vastes étendues de la vallée et les caillasses de la montagne. Un sujet passionnant, n'est-ce pas ?
Enjoy !
Baptistisime