lundi 26 juillet 2010

A cent à l'heure !



Chapitre I : « Grand maître d'anatomie et d'échecs » :

Assis à côté de la charmante STL, je n'ai d'autre occupation que méditer sur la dureté de l'épreuve d'anatomie. Ils écrivent, déglutissent leur savoir, à un rythme effréné. A cent à l'heure. C'est la condition sine qua non pour réussir ce marathon d'une heure ; à l'issue de laquelle quelques 300 mots sont attendus...Autant le dire, même à cent à l'heure, c'est dur !
Ou est-ce dur...parce que c'est rapide ?

Je suis persuadé que le temps est le premier facteur déterminant la réussite... ou l'échec.
En chimie, on dira d'une réaction à la cinétique lente qu'elle est « impossible ». Impossible, c'est aussi ce que l'on dira à celui qui voudrait mesurer la longueur d'une autoroute armé d'un double décimètre. Pourtant, aucune loi physique n'empêche un tel exploit... juste que le bonhomme n'aura « humainement » pas le temps de le réaliser. Cette dictature de la cinétique est incroyablement présente, on peut trouver des causes temporelles à tout un tas de problèmes :

- Accident de la route ? Trop de temps mis à éviter un obstacle. Quel que soit le niveau de conduite et d'ébriété, l'action qui aurait éviter le drame était réalisable, mais n'a pas été exécutée assez VITE.

- Echec scolaire ? Peut être que l'élève est capable de comprendre ce qu'on lui enseigne, mais sis on rythme est inférieur aux standards exigés, il sera toujours en retard et décrochera.

-De manière plus parlante et aussi plus évidente, notons la présence du facteur TEMPS et donc de VITESSE dans de nombreux sports.

Si souvent la vitesse est à la fois le moyen et la fin de la compétition (courses en tout genre), le facteur temps est un excellent moyen d'introduire un challenge même dans un domaine où il n'intervient pas naturellement. Je pense surtout aux Echecs, jeu au tour par tour, ce qui devrait exclure toute influence de la cinétique. Et pourtant, les pendules infernales sont là. N'importe qui peut pousser les pièces sur l'échiquier, mais les Grands Maîtres procèdent aux mêmes coups beaucoup plus vite.

Alors c'est ça ? La différence entre « le bon » et « le nul », c'est une simple histoire de minutes, de secondes ?
Bah oui. Prends n'importe quelle activité que tu penses impossible à réaliser ou que tu ne saches pas faire...Et bien dans l'immense majorité des cas, à force d'acharnement et de temps consacré, on y arrive. Seulement, ça aura prit plus de temps que si la même chose avait été demandée à un « pro » ; plus généralement quelqu'un de plus « apte » ou expérimenté.

Ca te parait incroyable ? Mais non, le temps est la clé de tout. C'est un principe universel qui régissait le monde de la physique depuis le Big-bang, avant de s'intégrer à celui de la chimie ; et plus tard, à celui du vivant. Nos lointains ancêtres les premières cellules subissaient déjà le dictat de la cinétique, devant assurer un minimum vital d'efficacité (autrement dit : de RAPIDITE.) dans son métabolisme sous peine de mourir toutes seules, ou encore de la concurrence de voisines plus efficaces. Ca te parle ? Parce que l'on retrouve les principes de l'évolution et la sélection naturelle : aller de plus en plus vite.
Peu importe la manière, celui qui fait mieux, c'est seulement celui qui fait vite !

Alors, nous sommes condamnés par les lois universelles à ne reposer que sur la vitesse ? Et bien d'après moi, le paradoxe qui nous turlupine la tête (cette omniprésence du temps est quand même inquiétante, non ?) vient d'un autre principe ancré dans notre esprit.
Celui de l'exigence. L'Humanité va à 100 à l'heure, mais elle se serait déjà effondrée sur elle-même si elle n'avait pas pris soin de consolider ses acquis.
« Vite fait, bien fait » dit-on. La vitesse n'est plus le seul critère ; il faut que la production soit solide. La logique est simple et irréfutable : l'homme est mortel, l'Humanité a une longévité plus importante. Nous sommes donc tiraillés entre l'empressement du fait de notre existence emprisonnée par les lois de la nature ; et la nécessité de bâtir su solide pour que l'Humanité progresse...Or, la perfection ne s'obtient que lentement. Il faut quelques jours pour dresser une cabane ; mais parfois des siècles pour une cathédrale. La première ne résistera pas longtemps. La seconde survivra aux âges.
La souris a un métabolisme bien plus rapide que la baleine. Mais elle meure aussi plus rapidement. C'est particulièrement vrai dans notre société humaine : ce qui est vite fait est éphémère, seules les œuvres d'une vie perdurent...

Le malaise contemporain vis-à-vis de la rapidité de la vie est entier basé sur ce paradoxe. De plus, avec la mondialisation, l'éveil de toute l'Humanité à « l'Heure Mondiale du Progrès », la cinétique globale croit de façon exponentielle. La course à la richesse, au pouvoir a placé la société devant une nouvelle obligation : que tout le monde fasse bien, certes, mais de plus en plus vite. Cela est désolant sous deux aspects : tout d'abord le nombre de terriens est bien trop élevé pour que les ressources mondiales supportent une Humanité lancée à pleine vitesse. De plus, ces nouvelles exigences d'efficacité « cinétique » des peuples contraint quiconque à égaler le niveau des Grands Maîtres sous peine de passer pour moins que rien.
Ne nous étonnons que les humains soient frustrés ; et que les autres vivants pâtissent de leur course folle !

Comme il n'est pas concevable au commun des mortels d'être Grand Maître dans tous les domaines ; la course au développement se double forcément d'une course à la spécialisation. Mais cela fait l'objet d'un autre débat.

Revenons à nos moutons. Faut-il blâmer les hommes d'aller trop vite ? Ou encore leur civilisation de les inciter à aller vite ? Après tout, il est non seulement autorisé, mais surtout impératif, sur autoroute, de foncer, à 100 à l'heure.


Chapitre II : "Limitation de vitesse et tempo"

« Tout est question de rythme ». Si tu n'en est toujours pas convaincu, rappelles-toi que le temps, défini par l'humain du moins, n'est pas linéaire mais cyclique. Il est défini par des cycles réguliers (le jour, l'an, etc.) Encore à l'heure actuelle, le seul moyen de percevoir le temps universel consiste à reposer sur des phénomènes périodiques. Le calendrier linéaire n'est qu'un enchaînement de ces cycles mis bout à bout. Et chez homo sapiens, l'animal de chair ?
Nul ne sait à quoi ressemble notre calendrier interne ; est-il inscrit dans notre génome ? Quel est le témoin physiologique des années ? Peut être ne le saura t'on jamais... car notre temps biologique est lui aussi cyclique. La Vie repose sur de nombreux événements périodiques, les plus évidents sont ceux du cœur et du cerveau.

- Je cours et mon corps me réclame davantage d'oxygène, ce fameux élément indispensable au métabolisme de mes cellules. La machine interne s'emballe, le métabolisme s'accélère : et ce sont deux cycles visibles qui assurent l'accélération du travail musculaire : celui de la respiration et celui de la circulation.

- Ce que l'on sait moins, c'est que le cerveau fonctionne aussi en boucle. La preuve en est les cycles du sommeil, réglé comme un métronome. Si le rythme cérébral n'existait pas, l'être humain n'aurait probablement aucune conscience de la dimension temporelle. Au crédit de cette théorie on doit rajouter l'argument de la détente intellectuelle obligatoire : le cerveau ne pourrait pas fonctionner en continue du fait de son mode cyclique.

D'une part, ces deux cycles sont prédominants par rapport aux autres dans la vie d'homo sapiens ; et déterminant dans la personnalité de cet animal. Si le rythme cardiaque prend le dessus, l'individu est davantage dans l'action, actif donc. Si le cerveau est plus rapide, il est dans la réflexion, donc il est réactif. Les mots parlent d'eux même. Si les deux cycles sont en phase, l'individu est en phase. C'est logique à filer des frissons.

Après cette longue définition du tempo vital, comparons le au problème initial.
Quand la machine est poussée à bout, elle finit par dérailler. Pousser le sport au-delà des limites, le cœur risque de lâcher. Le cerveau aussi à ses limites, si son rythme de travail est dépassé c'est la fatigue nerveuse garantie. Bonjour la migraine ! Pourtant, ces athlètes organiques ont des obligations de performances. Trop de lenteur et c'est l'arrêt cardiaque, ou pire, la mort cérébrale. Sans parler de ces extrêmes, on constate que le cœur et l'esprit doivent fonctionner à un rythme optimal, mais sans dépasser les limites. Comme sur une autoroute : il ne faut pas rouler trop lentement ; mais dépasser les limites de vitesse c'est prendre un risque d'accident ou de tomber en panne d'essence très, très vite.

C'est ainsi que je vois la course au progrès. Si les cycles ne sont pas synchronisés, s'ils vont au-delà de leurs capacités ; et c'est le cas vu les ressources actuelles de la planète Terre, le véhicule se dirige droit dans le mur. L'harmonisation de la vitesse de fonctionnement de la machine humaine est impérative.
Sur la route, ne conduisez pas comme des brutaux, ménagez votre moteur. Et levez le pied.



Le Baptistisime.

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