mercredi 11 février 2009

A bout de souffle ! Episode trois



Chapitre 3 : Reproduction : vivre



Maintenant que le « ne pas mourir » et le « survivre » sont définis, reste à s’intéresser du troisième et dernier temps de la vie, qui est le « vivre ». Il correspond donc à tout ce qui ne relève pas des deux premiers temps. Une fois qu’on est en sécurité et qu’on a le ventre plein, que faisons-nous, êtres humains ? Plein de chose ? Pas tant que ça ! Certes, le fait d’être bien dans son corps laisse le temps à l’esprit de s’épanouir et aux questions existentielles d’émerger. Et la principale est de chercher « un sens à sa vie ». Tant qu’on est dans les deux premiers temps, le sens de la vie est tout trouvé : ne pas la perdre ! Mais quand on ne craint plus pour elle, à quoi ça rime, voilà toute la question…

Dans un monde où le productivisme est religion, même nos vies devraient être vécues en termes d’objectifs et de résultats. Mais quelle est la finalité de notre existence ? La fin est déjà écrite, la seule issue possible, le seul objectif que nous puissions attendre…c’est la mort. Et au moment de faire le bilan, que restera t-il ? L’idée de ne plus exister est désagréable à la majorité d’entre nous.
Tout parait futile aux derniers instants quand le moment de disparaître arrive enfin. Toutefois, c’est en pensant comme un individu que cela sonne ainsi.
Une vie qui s’efface est triste. Mais cette existence perdue sera remplacée par celle de nouveaux humains…

« Vivre » est le 3e temps de la vie, celui de la transmettre. Il s’agit d’une survie encore moins urgente que « ne pas mourir » et « survivre » ; il s’agit de la survie sur l’extrêmement long terme, la survie de l’espèce. Deux enfants par couple, et c’est gagné ! L’organisme géant qu’est l’Humanité ne meurt pas et peut continuer sa course. Au final la vie est quelque chose d’assez simple, il s’agit de conserver son énergie vitale le plus longtemps possible avant de l’offrir à sa descendance. La vie n’a pas d’autre fin possible que de la perdre et la donner. Quelle meilleure manière de devenir immortel qu’en engendrant une progéniture ? A chaque rejeton, c’est 50% de ses gènes à qui l’on assure la postérité. A tous ceux qui veulent laisser une trace dans ce monde…

Freud prouve bien dans sa théorie du développement que l’être humain à été créé pour procréer. La seule chose qui soit visée dans notre course en avant, c’est le développement de la sexualité, qui elle-même n’est qu’une étape purement mécanique de la duplication de soi. Le reste, ce qui vient se greffer autours, n’est que prétexte, comme on le verra plus loin dans ce papier. Une course qui ira plus ou moins loin, et sera plus ou moins détournée.


On me reprochera sûrement d’être réducteur. Sans forcément raisonner en termes de ligne d’arrivée, c’est bien la course de la vie qui importe, non ? De nos jours, « ne pas mourir » et « survivre » ne nous occupent pas si longtemps. Cela laisse du temps pour « profiter de la vie », pas vrai ?

« Vivre », c’est ainsi le temps libre, quand tout va pour le mieux, on se détend et on s’adonne à nos « passions ». Drôle de mot, à connotation amoureuse…qui prouve bien qu’il y a part libidinale dans tout ce qui nous « émoustille » et nous « excite ». L’endorphine, cette hormone du bonheur ne doit pas y être étrangère. Selon moi, ce qui nous « tient à cœur » est littéralement l’objet de notre amour, d’une sexualité inconsciente. On s’investit pour son « bébé », il y a en quelque sorte un déplacement de la libido vers un objet non sexuel.


Mais les loisirs, c’est aussi le jeu. Et à part jouer à faire des enfants ; il faut reconnaître que la palette des humains est un plus vaste que « jouer au docteur ». Ouf. On notera la fonction ludique du jeu, ou « comment apprendre à survivre ». Nombre de jeux sont ainsi une simple épreuve de mime du survivre. Quand on a fini de survivre, on fait semblant de survivre. C’est bien une préoccupation d’enfant gâté ! Je pense notamment au sport, qui souvent imite ce qu’il fallait faire par le passé pour survivre, voir pour ne pas mourir !



Maintenant que nous savons ce qu’est « vivre », j’aimerais parler d’une figure pour qui ce verbe prend une ampleur à priori totalement autre : le héros qui se sacrifie. Par exemple : Bruce Willis dans Armageddon, qui se fait sauter avec une bombe atomique placée sur un astéroïde qui s’apprête à percuter la Terre et provoquer la mort de tous ses habitants. A priori, c’est un geste qui va à l’encontre des principes de la vie qui précède, un total renoncement à sa vie en tant qu’individu, un manquement grave au principe de « ne pas mourir ». Ce qui ferait de cet homme plus qu’un homme, mais un être hors norme. En fait, on a affaire là à un puissant instinct de conservation de l’espèce (« vivre », donc). C’est pour la vie de sa fille Liv Tyler que Bruce Willis donne la sienne. Il se moque de mourir, sa descendance est assurée. Le héros dévoué peut nous faire fantasmer, mais son acte d’héroïsme est au final du bon sens. Nous devrions tous avoir agi comme lui en pareille situation, ce qui nous aurait paralysés ce n’est que l’individualisme égoïste dans lequel nous sommes tous confis. Bruce Willis est un homme comme les autres, juste un peu moins médiocre en fait.



Enfin, je terminerai par les trois temps de la vie chez les « jeunes ». Ils se permettent assez aisément de bousculer la hiérarchie des trois temps quand l’occasion le nécessite. Par exemple, il n’est pas impensable à nous, pauvres jeunes, de sacrifier une nuit de sommeil pour une soirée de drague, prendre des risques inconsidérés au volant pour arriver à l’heure à un entretien, ou encore boire à s’en rendre malade.

En guise de conclusion, je tiens à rappeler que comme tout bon dessert, « vivre » vient à la fin. C’est le propos que je voulais défendre ici : on ne peut vivre que lorsque l’on a survécu. Et survivre nécessite au préalable qu’on ne soit pas mort. Comme la cerise sur le gâteau, « vivre » ne vaut rien sans le reste de la pyramide.



Bilan : le démineur





La Vie est une valse à trois temps. On a vu qu’ils respectent un ordre de priorité : le vivre ne pouvant s’épanouir que si le survivre est assuré au moins au minimum, qui lui-même vient après le « ne pas mourir » qui est le temps le plus urgent. Mais si cette distinction était nécessaire, elle ne doit pas nous faire croire que la vie est linéaire pour autant. Tout le monde est plus ou moins d’accord pour dire que c’est plutôt un labyrinthe… on se perd, on revient sur ses pas, des fois on est obligé de s’arrêter le temps de jeter une bouteille… Tout en sachant qu’à l’arrivée la sortie ne sera pas forcément une délivrance.

Mon jeu préféré ? Le démineur ! Un puzzle implacable où les mines de diverses natures viennent s’enchaîner à un rythme effréné (des mines « ne pas mourir », « survivre » ou « vivre », un peu dans le désordre au bon vouloir des hasards du jeu). De mines qu’il convient de désamorcer au fur et à mesure avec ses petites mains ! Chaque bombe neutralisée permet d’accéder à la suivante, tout en gardant son petit sourire de petit smiley. Rien de plus enthousiasmant que de voir les mines se dissoudre à toute vitesse à notre approche ! Par contre, dans ce jeu, nous n’avons pas de casque et le moindre faux pas se solde par une explosion en règle. Le risque est également de tomber sur un puzzle inextricable, une mine particulièrement récalcitrante… Quelle attente insupportable de se prendre la tête à résoudre l’énigme ! On peut la contourner, attaquer d’autres mines, mais un jour où l’autre la bombe DOIT être désamorcée ! Ou exploser… Quel dilemme. Des sueurs ou des cicatrices.

De plus, il y a plusieurs niveaux de difficulté au démineur. La vie dans les temps anciens était relativement moins labyrinthique que durant notre XXIe siècle. On avançait plus vite, avec un nombre plus petit de mines mieux identifiées. De nos jours, on peut dire qu’on joue en mode expert. Il est plus difficile de faire face à toutes les mines par soi-même. Rappelons nous en, les règles du jeu n’ont pas changé, mais le niveau s’est corsé. Il faudrait donc apprendre à se serrer les coudes, car la règle du faux pas meurtrier est toujours là, elle…

Filmographie :




Armageddon / Réalisé par Michael BAY / Avec Bruce Willis / USA, 1998
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1 commentaire:

Somberlord a dit…

Je croyais que ton jeu préféré c'était starcraft...

(non j'ai pas lu ton article, juste la partie sur le démineur, le reste c trop philosophique pour moi)