lundi 27 octobre 2008

Les androgynes

Hiver 2004, Bordeaux


Me voici face à un miroir. Ce juge me dresse un portrait de moi-même en demi-teinte et que je sais impartial.
Je vois une silhouette mince et d’une hauteur convenable ; mais relativement androgyne, dépourvue d’armoire à glace masculine et des courbes féminines de la bouteille de Taillefine.




Le visage que je contemple a les traits fins et hésitants, bordés de cheveux ni vraiment clairs ni franchement sombres ; fins mais pas lisses, pas totalement sages et pas pour autant fous.

L’air que j’affiche est difficile à décrypter dans sa neutralité. Il est impassible et serein, mais on dirait un masque. Mon regard semble sombre, mais à mieux y regarder, je le vois pétiller (lui aussi est un miroir !) bien que visiblement parti en voyage. Cela dit, ce regard m’est adressé puisque je suis face à un miroir…
Puis mon reflet détourne la tête, et ses yeux quittent les miens…Fichtre ! Ce reflet n’était bien qu’une image, issue d’un miroir illusoire… Un autre androgyne qui n’était pas moi…

Poitiers, le 24/10/2008

Ce souvenir nous rappelle quelques lieux communs qui ont pourtant fait leurs preuves. L’autre qui n’est qu’un miroir de soi, le fait de n’exister que si un autre daigne se regarder à son tour dans le miroir.

Miroir déformant, miroir transparent,
Miroir magique, miroir brisé,
Miroir d’argent, miroir sans teint…


La vie des hommes est une véritable galerie des glaces !
Qu’on habite à Verre-sailles ou à Verre-non (1) , nous sommes tous des femmes (et non des androgynes*) accros à un miroir, même petit, ne serait-ce que pour pouvoir se recoiffer dignement.

Je voudrais mieux croire mes yeux plutôt que la froideur du verre. Cela étant, tant que je ne saurais les extraire de ma propre tête, ils auront du mal à me cerner en entier, alors…
Miroir, mon beau miroir, suis-je vraiment moi ?



Doc G’

(1) Vernon : commune de l’Eure :

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