vendredi 8 août 2008

Tomber amoureux

Le thème de l’amour apparait comme un sujet de réflexion privilégié. Nous nous interrogerons donc sur les significations de l’expression « tomber amoureux ».


Pour comprendre le sens de cette phrase, voyons un à un les termes qui la constituent. « Tomber » a ici deux sens que l’on peut considérer et qui se rattachent tous les deux au thème de la chute. Le premier est de comprendre « tomber » comme un acte involontaire, imprévu et subi. La preuve en est que « tomber » n’est une action active que si l’on précise « se laisser tomber ». Le fait de tomber amoureux reviendrait-il alors seulement à trébucher par mégarde ? Sans doute, mais tomber prend un tout autre sens quand on considère la chute comme un accident, quelque chose de brutal. Lors d’une chute, il est possible de se faire mal et de se retrouver au tapis au point de ne pas pouvoir se relever un moment. Alors, « tomber » signifie-il trébucher ou s’étaler au sol ? Quoi qu’il en soit, les deux sens peuvent être retenus.


A présent, que veut dire « amoureux » ? Sans ambiguïté, on peut répondre « ressentir de l’amour ». Mais, qu’est-ce que l’amour ? Pour répondre à cette interrogation, nous devons faire la distinction entre « amour » et « désir ». Ce dernier correspond à l’attirance physique que l’on peut avoir à l’égard de quelqu’un. L’amour véritable, lui, est le fait d’éprouver pour une certaine personne des sentiments puissants, mais inexpliqués et spontanés, et estimer cette personne en entier, et non pas que son apparence. On peut donc traduire « tomber amoureux » par « être pris soudainement et plus ou moins brutalement par des sentiments puissants et sincères à l’égard de quelqu’un, sans rien pouvoir y faire ».

A présent, cette phrase est-elle valable ? Est-ce que « tomber » a sa place pour se rattacher à « amoureux » ? Il est indéniable que l’amour est inexpliqué par définition et que les sentiments amoureux se moquent bien de la raison. En cela, l’amour et la chute se trouvent une similitude. Y a-t-il besoin d’une raison rationnelle pour choir ? De plus si un rien suffit à vous faire tomber, rien n’est suffisant pour l’empêcher. Une fois à terre, on se dit on avait su, on aurait pu faire quelque chose pour l’éviter (léviter ?) Pour l’amour, les choses vont de même, si le désir peut être dominé, les sentiments ne peuvent être ignorés et même devenir obsession, et cela même si on voit venir l’affaire (une fois qu’on perd l’équilibre, il est déjà trop tard). Si besoin était, on pourrait trouver une autre preuve que l’amour n’est pas un choix, mais bien un décret du hasard : si le choix nous était donné, pourquoi certains d’entre nous choisiraient-ils de s’écarter des « normes » ?


Cependant, on peut toujours se poser des questions sur le sens plus dramatique de la chute. Même s’il est vrai que l’amour peut devenir un véritable drame, où certaines passions conduisent au désespoir, voir pire, cela ne se passe pas toujours ainsi, et heureusement. On aurait ainsi tendance à croire que les tragédies ne sont que des accidents lors d’un acte banal. Mais qui dit que ce même acte ne soit, au fond, qu’un accident banal avec plusieurs degrés de gravité ? Tel une chute, l’amour serait plutôt un incident d’habitude indolore mais qui se relève dramatique dans certains cas. On peut juste marcher sur son lacet ou être défénestré du dixième étage. Et comme pour une chute, le rétablissement est proportionnel à la force du préjudice initial.

Avec tous ces arguments en stock, il devient irréfutable que la comparaison entre l’amour et la chute n’est pas un non-sens. On retiendra donc que l’homme n’est pas maître de ses sentiments ne libre de donner son cœur comme il l’entend, que le moment de le faire est pour lui un bouleversement dont il ne sort jamais indemne, et qu’il ne lui reste plus qu’une chose à faire après être « tombé amoureux ». Trouver la force de se relever.

Baptistisime, document non daté, estimations au carbone 14 : septembre 2003.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tomber amoureux ? A chaque fois c'est un choc pour le cœur donc oui, c'est une chute, mais comme tu disais une chute n'est pas forcément une descente ( j'aime bien cette phrase ^^).
on tombe dans tous les cas, que ce soit brutalement avec le coup de foudre, ou plus lentement en apprenant à connaitre la personne et à développer ses sentiments, c'est un délicieux et heureux incident, peu importe la fin.
Après, sur le fait qu'on ne peut être maitre de ses sentiments, c'est vrai on ne peut se forcer à aimer ou à détester mais de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas et l'inverse est aussi valable.

Baptistisime a dit…

Merci beaucoup pour ce commentaire. Effectivement, le sujet que je développe ici est très lié à celui du billet sur la chute qui précède, c'est pour cela que je me suis permis d'exhumer cette archive :)

Le correcteur m'a reproché de ne pas assez avoir développé l'aspect "l'homme n'est pas libre en amour", et effectivement il y aurait sûrement des choses à dire à ce sujet... Ça fera peut être l'objet d'un prochain papier, qui sait :) ?

Enjoy !

Anonyme a dit…

Maintenant je comprend ce texte...
Agathe