jeudi 21 août 2008

Dieu est un homme, Adam était une femme:

Lors de mon stage au CHU de Bordeaux, j’ai eu l’occasion d’échanger avec une collègue quelques mots sur l’origine du machisme dans notre société françoise.
Nous avons constaté que plus on allait vers le sud, moins les femmes étaient favorisées par le schéma de société : Italie, Espagne, Portugal… Tous des pays où corvée est un mot féminin et où les machos en rament pas une. Et cela semble ancré dans la culture méditerranéenne depuis des lustres. Quel est le point commun entre ces pays de culture judéo-CHRETIENNE ?




En même temps, quand on y réfléchi, que pouvait-on attendre d’une religion qui considère Eve comme « la côte droite d’Adam », une sorte de pâle copie de monsieur, créée par « Dieu » pour qu’Adam ne s’ennuie pas, tout seul dans son coin d’Eden ? Adam, créé « à l’image de Dieu », le père, et Eve, la tentatrice, l’initiatrice du péché, l’intrigante. Certains passages du livre ne sont peut être que des conséquences et non des causes de la phallocratie, mais au moins semblent-ils la justifier… Nous vivons par conséquent gaiement avec la croyance latente que la femme se place naturellement après l’homme, qui la précède dans la genèse.




Pourtant, avec l’observation de cette même nature (appelons candidement cette observation « la science »), il est tentant de remettre en question cette vérité biblique : selon toute vraisemblance, Adam était une femme !
Pourquoi ? Qu’est-ce qui me faire dire cela ? Si nous regardons ce qui se passe chez nos amis les bêtes, plusieurs exemples vont dans le sens que le genre humain féminin précède le masculin et non l’inverse ; et rien ne plaide vraiment pour la thèse opposée. Je tiens à citer ce livre qui va dans le sens de mon idée dans le domaine :
« Les premiers êtres vivants sur Terre étaient des cellules qui se divisaient en deux de temps en temps. C’était la reproduction asexuée,(…) du domaine de l’individuel. Pas de dîner aux chandelles ni d’ébats amoureux ici. Quelques millions d’années plus tard, une amibe commença à réorganiser son ADN avant de se diviser en deux. C’était une reproduction sexuée, pas telle que nous la connaissons ; il n’y avait toujours pas de gars. Tout se faisait à domicile, si l’on peut dire. (NDM : L’auteur évoque ici sans les nommer les concepts de recombinaison et de brassage génétiques, si importants dans l’évolution de l’espèce. C’est pour ça qu’il parle de reproduction sexuée, alors qu’il n’y a aucune sorte de fécondation, l’important n’est pas là, l’important est que les amibes filles sont différentes génétiquement des amibes mères. C’est pour cette unique raison que l’auteur parle de reproduction sexuée primitive.) L’étape suivante de l’évolution sexuelle fut la réorganisation de l’ADN à partir de deux lots – ces créatures étaient hermaphrodites, c'est-à-dire qu’elles possédaient à la fois les gamètes mâles et femelles. Ce fut une bonne chose ; cela produisit une variation génétique très utile, qui est à la base même de l’évolution. (NDM : L’auteur créé ici aussi des petits raccourcis propres à sa profession de conférencier. Il faut lire ici que c’est le début d’une possible fécondation, donc la rencontre entre les génomes de deux individus, une fécondation externe un peu à la manière des plantes à fleurs ou des huitres.) Au moment où le premier mâle (NDM : Le premier mâle « spécialisé » à ne faire que cela, donc) apparut, l’évolution sur Terre était bien lancée, le premier mâle ressemblait sans doute à une grenouille (ce qui met le conte de la princesse embrassant un crapaud en perspective (…) ). Le chromosome distinctif Y, qui fait qu’un mâle est un mâle, arriva encore plus tard. Les femmes étaient donc là en premier. Il est moins certain que cela fasse de l’homme le chef-d’œuvre final. »




Tout en restant dans le royaume des bêtes, pensons aux hyménoptères (abeilles, fourmis et consort) chez qui le mâle ne sert à rien qu’à féconder la princesse durant le vol nuptial, après quoi il est éjecté de la colonie comme un malpropre. Chez d’autres espèces c’est encore plus flagrant : le mâle sert carrément de nourriture à la femelle après l’accouplement (mante religieuse, veuve noire, mais il y en a d’autres). Il faut se faire une raison : la reproduction sexuée est apparue pour assurer le brassage génétique, et dans ce but la femelle fait le plus dur en fournissant l’œuf et en l’incubant. Le mâle ne contribue que distraitement que de sa semence : le deuxième sexe, c’est lui. Il est une invention qui n’existe que par soucis de diversité (cruciale il est vrai) biologique.


(Arg, au secours !)
Plus proche de nous que ces considérations d’évolution des espèces, il est des signes qui ne trompent pas au sein de notre espèce humaine.
Sur le point de vue génétique : tous les humains ont 23 paires de chromosomes… enfin, du moins toutes les humaines, qui ont une « vraie » 23e paire (XX). Les humains ont une paire « mal fichue » (XY), non symétrique du moins. Ah, le chromosome Y ! Ce fameux bidule ridiculement petit (en toute modestie) qui tout seul ne fait rien (les mutations génétiques sans X sont non viables). Le chromosome Y : un chromosome mutant, la preuve que la femme est la « vraie » homo sapiens sapiens et l’homme un vulgaire mutant.




Sur le plan embryologique, rappelons que la différentiation sexuelle féminine du fœtus est un procédé par défaut. Ce n’est que par le biais de transformations complexes imposées par le chromosome Y (encore lui !) que le futur humain se changera en garçon. Encore une preuve s’il en est que l’homme est une femme comme les autres.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime ce genre d'article... ^^
On ne peut pas vivre sans les hommes mais il est temps qu'il abandonnent leur sentiment de supériorité.
Agathe

Baptistisime a dit…

Ah enfin un commentaire sur ce beau billet^^.

Un petit morceau de féminisme de temps en temps ça fait pas de mal, en espérant que ça puisse un jour donner des idées à certaines...