samedi 16 août 2008

Est-il déraisonnable de croire en Dieu ?

Toute religion est fondée sur la croyance en un être supérieur, la foi en cette divinité en semble le principal moteur, mais c’est également ce qui est le plus remis en question par ceux qui n’ont pas la foi, ces derniers se croyant plus éclairés, plus lucides. Aussi, est-il déraisonnable de croire en Dieu ? Autrement dit, ma faculté à percevoir le monde sensible et ma conscience font-elles obstacles à la foi en l’être divin ? Le problème ici est la compatibilité entre la raison de l’homme et la religion en général, la foi en particulier. Leur antagonisme permet-il malgré tout leur coexistence ? Nous essayerons d’apporter les réponses à cette question en expliquant en quoi la raison s’oppose à la croyance religieuse, puis en voyant comment ces deux entités peuvent cohabiter.
Attardons-nous tout d’abord sur le fossé qui sépare la raison de la foi. Il s’agit de deux pôles totalement différents qui ne sauraient s’accepter l’un l’autre. En d’autres termes, une trop grande discontinuité entre raison et foi, voir une opposition totale entre elles, expliquerait à priori une incompatibilité et un repoussement réciproque.

La raison est ce qui me permet de prendre conscience de ce qui m’entoure, du monde sensible. La raison est le sens de l’immanent, c'est-à-dire de tout ce qui est concret et que l’on peut vérifier à travers l’expérience des sens. De l’autre côté, la conviction religieuse se tire de la révélation d’une transcendance, ou la sensation qu’il existe quelque chose au-dessus de moi que je ne perçois pas et qui me dépasse. Ce sentiment du numineux n’a donc aucune justification dans le monde matériel, et comme la raison ne se concentre que sur ce dont elle peut faire l’expérience, elle est incapable de concevoir l’existence d’une divinité. E, bref, la raison est un esprit matérialiste qui ne tient pour vrai que ce qu’elle perçoit, et rejette pour cette raison tout ce qu’elle ne peut vérifier de cette manière ; l’existence de Dieu en faisant partie.

De plus, si la raison se réfère aux sens et aux connaissances concrètes « vérifiables », son rôle inné est de traquer les illusions dont l’esprit humain est victime, afin d’accéder à ce qui lui parait être la vérité. Or, pour la raison, la religion n’est qu’une grande illusion. Ainsi, NIETSCH avait avancé la théorie du nihilisme, selon laquelle l’Homme crée des valeurs qui ne tiennent sur rien, et qu’il prend pour des vérités. Ce serait le cas pour la religion, qui instaure des vérités confortantes mais illusoires : la vie après la mort, le soutien des faibles… Mais ce sont des illusions. Pour MARX, la religion est « l’opium du peuple ». En promettant une vie meilleure après la mort, la religion et la foi en ses croyances ne sont qu’un voile pour cacher à l’homme sa misère et le (ré)conforter. La raison ne peut adhérer à cette vision voilée, car elle a conscience de la finitude de la vie et de ses réalités. Elle ne croit pas non plus au miracle, car elle tient les lois de la nature pour référence stable. Les idées réconfortantes de la religion et toutes ses promesses sont pour la raison de simples mensonges. Après tout, pendant des siècles en Europe, la religion a été un prétexte à dominer les peuples. LOUIS XIV se prétendait lieutenant de Dieu sur Terre, le clergé était l’une des deux classes dominantes de la société. La raison, elle, s’aperçoit que Dieu n’est qu’un leurre qui permet au clergé de s’enrichir, aux empereurs de gouverner plus simplement et aux paysans de supporter les inégalités sociales et leurs vies pénibles sans broncher. La preuve en est que la raison ne supporte pas cette hypocrisie et ces artifices : les saccages lors de la révolution française.
Pour FREUD, la religion est une névrose collective qui évite une névrose individuelle. Dieu est invoqué lorsque l’Homme découvre que le père n’est pas tout puissant. Ainsi, pour la raison, dieu serait l’invention de l’Homme en tant que solution à ses problèmes, et en cela elle rejette la possibilité que cet être puisse exister.

On notera aussi la perte de l’importance sociale de la religion lors des derniers siècles : avec le développement des sciences et de l’éducation laïque, la raison s’éveille et la religion perd sa faculté à influencer la vie des gens. La sécularisation de la société verrait donc le triomphe de la raison face à la conviction religieuse, nous vivons désormais dans un monde matérialiste où la consommation a pris le pas sur la spiritualité. WEBER parle de « désenchantement du monde ».


Cependant, la raison n’est pas en elle-même suffisante au sein de l’esprit de l’individu pour assurer son épanouissement ; et cela pour la raison qu’elle est incapable de concevoir l’infini et de créer des idéaux. Avec sa seule raison, l’Homme serait condamné à une vie morne, banale et angoissante. La raison serait-elle prête à faire des concessions à la foi pour compenser ses insuffisances ?

Baptistisime, le 08/01/2004, Lycée Sud Médoc (devoir sur table), LE TAILLAN MEDOC

4 commentaires:

Baptistisime a dit…

Le correcteur de cet essai a noté le "manque d'un renversement conséquent". C'est vrai, tu aurais pu faire un effort sur ta deuxième partie ! Tu aurais pu parlé de Voltaire et de sa foi raisonnable en l'être supérieur. Tu aurais pu préciser que ton raisonnement était valable pour la religion chrétienne (puisqu'on parle de "Dieu", donc de la foi des croyances chrétiennes); et que donc il n'est logiquement pas universel.

Mais bon, c'était la jeunesse, et le stress du devoir sur table peut être ?
Miaou !
Shaa

Anonyme a dit…

Il est vrai que la base de tha théorie est fondée sur le catholicisme... Je voudrais réagir simplement sur le fait que la religion est un mot trop global est flou, qui est une sorte de transition fusionelle entre la foi et le culte. La foi c'est l'espoir, la foi en soi, en la vie, en la destinée, en l'avenir, en ses propres mains et en rien d'autre, en "les autres", en "l'apport divin", etc. Le culte n'est finalement que le rituel lié à la culture de l'ethnie et de l'historique de l'apparition de "la foi" aka "l'espoir", et ce n'est finalement que "l'application" de la foi à travers des rites, pour s'en souvenir, garder conscience pour ne pas déraper etc. Apres, comme le culte est le concret quand la foi n'en est que l'abstrait et qu'elle a besoin d'un peu plus de "matériel", crée un culte, religion ou secte, pour ensuite, si on le controle, pouvoir l'utiliser à ses propres intérets, communs ou personnels. Mais la vraie foi n'a pas besoin de culte, sauf peut-etre le culte de la joie de vivre et de partager. C'était c'que j'voulais dire...

Anonyme a dit…

Pas mal du tout, dommage pour l'orthographe de Nietzsche (je crois que ça s'écrit comme ça).

Je suis complètement incapable de pondre un texte structuré comme ça, bravo !
(quelle note as tu reçu ?)

Baptistisime a dit…

Merci cher ami ! J'avoue que j'ai moi même été surpris de voir avec quel sérieux je préparais mes DS de fil eau, je me rappelais absolument plus de ces auteurs et de la phase "immanent VS transcendant" gentiment ressortie pour lécher le c** du correcteur", bref, vive le bachotage, tant mieux même vu que c'était l'année rêvée pour !
et pour ta question, j'ai reçu la note de 14/20, dont je ne me pleins pas, même si c'est presque dommage que j'ai bâclé la fin par manque de temps :(
Enjoy !