mercredi 17 août 2011

Les rêves mentent-ils ? Episode 60


17 mai 2011. Ma chambre au Broc


Le film de ce soir débute dans les couloirs obscurs de ce qui semble être un vaste manoir. La bâtisse est allongée, comme une aile de château. Les pièces sont disposées de part et d’autre d’un long couloir, comme pour un hôtel. Toutefois, le couloir n’étant pas éclairé, ce qui ne ressemble pas à un hôtel ordinaire.
Mon personnage est un stéréotype vivant du cinéma d’action américain puisque je suis barraqué, crâne rasé et teint basané, une puissante constitution physique et des traits carrés.
Je suis à la tête de plusieurs hommes munis d’uniformes noirs et de camouflages sophistiqués. Ce sont des guerriers compétents, visiblement spécialistes de l’infiltration.
Un commando avec une telle allure devrait sûrement utiliser des armes à feu lourdes. Pourtant, c’est une sorte d’arbalète ou d’arc automatique que je tiens en mains et emploi à libérer un chemin dans le couloir à travers plusieurs gardes. Peut être que mon équipement comporte une vraie arme de commando mais que je n’ai pas jugé bon de gaspiller des munitions pour des sous-fifres aussi peu menaçants.
L’ambiance est électrique, survoltée. Le groupe fait montre d’une grande vitesse de déplacement et d’exécution. Du travail de pro, en somme. L’adrénaline est notre moteur et nous conduit à un train d’enfer avec un enthousiasme débordant et euphorique.
Un flash. Arrivé au bout du couloir, pour une raison qui m’échappe, je me retourne contre mes propres coéquipiers et leur tire dessus. Ils ne tardent pas à répliquer. Coup de folie de ma part ou plan calculé à l’avance ? Impossible de le dire, l’heure étant de toute façon à l’action.




De traqueur je passe au statut de proie. Mes poursuivants en surnombre m’incitent à détaler. Je passe par la fenêtre au bout du couloir. Nous nous trouvions au premier étage. Il me semble que j’utilise une corde blanche façon bagnard en cavale pour rejoindre le plancher des vaches. A moins que je ne me laisse tout simplement tomber pour me réceptionner athlétiquement au sol. C’est un peu brouillé dans ma perception des événements, tout se passe très vite et il me semble que je réagis davantage à l’instinct, ou que j’applique des exercices mille fois répétés comme un automate.
Je suis donc dehors, à l’extérieur du grand manoir. Il fait nuit noire, le bâtiment que je viens de quitter est visiblement perdu en pleine nature. Il y a beaucoup d’arbres, pas d’autres constructions en vue, si ce n’est des sortes de lampadaires diffusant une lumière blanche et mauve m’évoquant l’éclairage public de Broc.
Je ne m’éternise pas sous la fenêtre, m’attendant à être tiré comme un lapin. Je fuis à travers la forêt, me retournant régulièrement pour décocher une flèche à l’encontre d’éventuels poursuivants. J’ai un sourire rageur aux lèvres, mêlé d’amusement et d’efforts intenses.
Malgré ma puissance et ma confiance en moi, je suis vulnérable, et je le sais. Je me bats contre un ennemi aussi multiple qu’invisible et éblouissant. La forêt défile et laisse place à une plaine immense. Dans cet espace ouvert et toujours aussi lumineux, je m’attends à manger un pruneau d’un moment à l’autre comme une impression de déjà vu (voir les rêves n° 53). Ce moment n’arrive pas, mais dans ma peau de malabar, je ressens une grande fragilité.



Au lieu d’une douleur, un nouvel éblouissement. La grande plaine d’herbe cède sa place à une grande plaine d’eau. Un nouvel océan aux infinies étendue et profondeur sous un ciel ensoleillé comme dans le président épisode (les rêves 59). Je suis à bord d’un navire, cette fois une frêle frégate. Une toute petite pièce qui donne directement sur l’eau dans mon dos, sans « mur ». Une longue table autour de laquelle s’est réuni l’équipage dont je fais partie, sous la présidence d’un capitaine pirate à la large coiffe noire, façon 18e.



Le bateau est à l’ancienne, nos costumes sont à l’ancienne, et nous aussi sommes à l’ancienne car je remarque que nous sommes tous des fantômes. De là à penser que la scène précédente ne s’est pas tout à fait fini pour mon plus grand bien, il n’y a qu’un pas. Si ce n’est que j’ai retrouvé une constitution mince et légère ainsi qu’une chevelure un minimum abondante, et la barbe qui va avec. Pas vraiment le même type de personnage.
Pour une raison qui m’échappe, une vive tension anime les débats. Nous semblons redouter quelque chose, mais quoi ? Après tout, nous sommes déjà morts, que pouvons-nous craindre désormais ? La panique nous submerge, puis une énorme vague nous submerge vraiment et nous coule. Nous avions bien quelque chose à perdre : notre rafiot. Quelle déchéance, nous avons l’impression de mourir encore !
La déferlante m’emporte et je n’émerge de nouveau que bien plus loin. Le soleil est couchant et les débris du navire ainsi que mes compagnons se trouvent dispersés ça et là. Je remarque alors que la petite CA est avec moi. Elle se tient à mon cou comme si elle craignait de couler. Ce qui ne constitue pas un grand danger pour des esprits désincarnés. Cela dit, elle ne me pèse pas beaucoup plus que si elle était vivante. Quelques regards à droite et à gauche, et comme je n’en détecte aucun, de regards, je sais comment m’occuper en attendant je ne sais quoi d’ailleurs. Comme la jeune femme n’est pas très grande, je n’ai pas à beaucoup allonger le bras pour poser ma main entre ses jambes. Jambes qu’elle replie bien vite comme pour se mettre en position fœtale. Est-ce qu’il s’agit d’un geste de défense de sa part ? De sa manière d’exprimer l’effet que ça pouvait lui faire ? Quoi qu’il en soit, j’imagine quelques fantaisies rendues possibles par les circonstances : coucher sous l’eau, dans n’importe quel assemblage, pourquoi pas en volant aussi, tout est permis. Ma rêverie dans le rêve me détourne peut être des affaires en cours et je m’égards. C’est ainsi que la scène s’efface comme un fondu noir précédant le générique de fin du film. Il faudra vraiment que j’arrive à me souvenir au réveil d’un songe ludique qui ne soit basé ni sur le sexe ni sur la violence ni sur un mauvais remake de film, et encore moins une combinaison des trois comme ce soir.


2 commentaires:

POUNE a dit…

le bateau ivre nous emène vers des océans d'imagination !!
POUNE

Baptistisime a dit…

Je dirais même plus, ivre et même plus si affinité !!