mardi 3 mars 2009

Les rêves mentent-ils ? Épisode 50

Saint Médard-en-Jalles, le 27/02/2009



Cette fois-ci me voici exerçant une honorable profession libérale que je ne parviens pas à préciser. Ce qui me fait dire cela est que j’occupe un luxueux cabinet parisien tapissé de cuir comportant deux pièces : une salle d’attente et mon bureau de consultation que je ne « visiterai » que brièvement, la suite le dira.
Ce local se situe au plus haut étage d’un immeuble à l’architecture rétro et aux vieilles pierres, typique de ce que j’ai pu connaître quand j’habitais encore la capitale et que j’accompagnais, enfant, ma mère chez le dentiste.
L’escalier en colimaçon est également recouvert d’un vieux tapis qui fait très vieil immeuble intra muros.

Mais pour l’heure, je suis oisif et détendu, m’étirant dans ma salle d’attente. Le soleil traverse les deux fenêtres, il fait beau à Paris. Je prends le temps de souffler, sûrement en attente d’un client/patient en retard.

Puis, pour une raison que j’ignore, l’envie me prend d’ouvrir la fenêtre de droite et d’y passer la tête. C’est avec horreur que j’aperçois un crochet de grue me filer droit dessus. Dans un réflexe « intellectuel », je me rappelle de tous les cas de « person jacking » ayant eu lieu les derniers jours à Paris, et me vois déjà en une du prochain quotidien : « Encore un cas de person Jacking à Paris, monsieur G. enlevé ».

Je refuse. Ce ne sera pas moi. J’ai à peine le temps de voir l’hélicoptère qui allait me saisir dans ses serres tel un rapace enlevant un agneau, que je roule déjà pour éviter la griffe mortelle. Les bris de verre envahissent la pièce. Dès que la pluie cesse, je me relève promptement, et entends du bruit dans le couloir. Je me précipite vers mon bureau, quand deux commandos au drôle d’attirail lourdement armés font irruption en démolissant la porte. Je referme la lourde porte de bois sombre à deux battants au moment où ils ouvrent le feu sur moi. Je traverse sans tarder le bureau pour rejoindre le couloir, étonnement vide, et m’affaire à descendre les escaliers. Mes poursuivants continuent à me doucher, et je remercie les dieux qu’ils visent comme des manches.

Après quelques dérapages contrôlés et une course de survie effrénée sur tout un étage, je me dis que mes jeunes agresseurs finiront par rattraper mon vieux corps déjà au moins quarantenaire. Sans plus tergiverser, j’enjambe athlétiquement la rambarde et me jette dans le vide ! Je vois défiler au moins quatre étages avant d’amortir ma chute en me saisissant de la rambarde du premier, avant de me poser presque doucement au rez-de-chaussée. Visiblement, mon comportement a surpris mes adversaires qui ne reprennent la mitraille qu’une fois que je quitte l’immeuble.

Je me retrouve ainsi dans la vieille rue ensoleillée. Je n’ai mal ni aux mains, ni aux pieds, je ne suis ni effrayé ni essoufflé. Je prends ma droite et me remets en course sans me poser plus de question, dans la foulée. Je remonte la rue pavée sans vraiment savoir où je vais. Peu importe, je suis vivant, bien content de l’être et déterminé à le rester ! Rien ne peut plus m’arriver maintenant, je m’offre une seconde jeunesse.
Après avoir dépassé quelques voitures en stationnement, une jeune femme brune, cheveux libres, sexy et élégamment habillée, tente de m’arrêter. Par je ne sais trop quelle pirouette, je parviens dans mon élan à éviter qu’elle ne me tue, puis la neutralise ! Elle lève les mains, soumise, pendant que je la déshabille des nombreuses armes de poing qu’elle portait tels des bijoux. Parmi eux, un uzi mitrailleur (ou une paire, je ne sais plus). Je décide de ne pas lui causer plus de tort et tenter de la connaître un peu mieux. Elle s’appelle Stacey, sûrement une américaine. Lui accordant cette confiance toute relative, je me dissimule derrière une voiture en attente des deux zigotos en armure de space marines.

Ils débarquent, bêtement côte à côte. Il ne me reste plus qu’à débouler face à eux et les asperger l’un après l’autre d’une pluie de munitions. L’un après l’autre s’effondre, mais je poursuis le feu en variant les organes ciblés pour plus de sûreté, mais aussi plus de fun. Cette décision de vider mon/mes chargeurs sur ces jeunes gens, bien que motivée il est vrai par un esprit revanchard, est surtout guidée par la maxime « tuer avant d’être tué ». Légitime défense. J’éclate quasiment d’un fou rire jubilatoire. Une fois cet office achevé et la messe dite pour les gisants, nous cheminons plus tranquillement Stacey et moi, toujours dans la même direction, presque bras dessus-dessous. Presque.
Si j’ai pu lui prendre le bras, c’était pour la guider, voir la traîner. Si elle me suivait, c’était d’abord pour ne pas mourir. Il demeurait pas mal de tension entre nous deux. Ses yeux noirs de félin me criblaient de balles. Son visage fermé de femme fatale respirait l’élégance mais surtout la méfiance et la rancœur. A mes côtés alors que je n’allais nulle part, elle figurait une muse terrible.

D’ailleurs, elle finit par m’inspirer un nouveau mouvement de survie. Je me lasse d’elle et décide de m’en défaire. Rendu où je suis, cela ne fera pas grande différence pour moi qui ait déjà abattu deux hommes. Après tous ces coups de feu, un de plus ne changera rien aux oreilles des témoins. Je suis encore soumis à l’adrénaline et à l’odeur du sang et de la sueur. L’euphorie de ma toute puissance guerrière m’anime encore et règne sans partage dans mon organisme. Et puis cette femme est dangereuse. Elle me brisera le cou à mains nues dès que j’aurais le dos tourné, c’est sûr. Légitime défense. Je la brusque pour qu’elle me fasse face avant de lui administrer une décharge de révolver à bout portant. Mortellement touchée par mon baiser empoisonné, elle s’écroule sans un son.

Je continus mon bonhomme de chemin et débouche sur un large boulevard. Je ne vois rien, qu’un immense espace lumineux, je suis ébloui. Ce lieu ouvert me donne un mauvais pressentiment. J’ai également l’impression que tout le monde me regarde, alors que de mon côté je suis aveugle et perdu : quelle direction prendre ? En tout cas, je ne me sens pas en sécurité.

Mon malaise n’était pas infondé. Alors que l’idée de faire demi-tour s’impose à moi et que je m’apprête à tourner les talons, un sniper m’aligne proprement, comme un chasseur qui tire un lapin dans un champ. Je ne verrai jamais le visage de mon assassin, rien que la balle me frappant au torse et me traversant de part en part.

Dans un réflexe réponse à la fusillade, j’écarte les bras à l’horizontale, tel Jésus sur sa croix. Je ne saigne pas, ne souffre pas. Je souris de l’ironie de la situation : tout ça pour ça. Le jeu s’arrête ici et maintenant. Je chois en arrière lentement. Le sourire aux lèvres et les yeux fermés, je suis une feuille de platane qui touche doucement le bitume en automne. Le rêve s’achève en même temps que la vie du personnage que j’y incarne.

Interprétation :

Enfin un rêve où je suis content de moi et me vois dans le Paris des années 2030 réussissant ma vie tout en assumant ma cravate et ma chemise décontractée. Je me réjouis de sentir l’air estival de la capitale et de voir que la capitale est toujours internationale (avec la présence tout à fait normale d’une étrangère). Je suis optimiste, et je crois en ma réussite.

Toutefois, ce qui n’a pas changé, c’est la violence et la solitude qui règnent à Paris. La populace ne semble guère s’offusquer des coups de feu et spectateur de ce film, je me suis inquiété de la piraterie qui règne désormais sur la ville qui m’a vu naître et mourir.
Toutefois, je ne me laisse pas embarquer par cette déchéance, fais mon nid malgré un contexte chamboulé, et prends même les armes pour lutter de toutes mes forces contre les autres qui me veulent du mal. Paris n’est pas un village, mais une jungle. J’y dame le pion avec mes poings, ma tête et ma virilité, face à des ennemis nombreux et bien armés, mais idiots et lents. Et tous ces efforts pour finalement me faire bêtement abattre par un tireur d’élite. On a beau faire de son mieux, l’enfer, c’est les autres, ce qui n’est pas de notre ressort. Ma mort est aussi la preuve de la fragilité de la vie et de l’individu. Au premier faux pas, les autres ont eu ma peau.

L’exécution de l’américaine est encore un tournant. Je ne sais toujours pas comment manœuvrer cette jeune femme que j’admire autant que je la redoute. Au final, ma seule solution pour ne pas souffrir de notre relation est de la détruire, pour qu’elle ne me brise point. Même la fuite aurait été risquée, elle aurait put dissimuler une autre arme dans ses sous-vêtements. Et d’une certaine manière, j’ai assouvi au passage ma pulsion meurtrière basique tout en éprouvant sans honte un grand sentiment d’impunité. Par la force de la violence et de la destruction, j’exerce un pouvoir immense qui m’exalte.





Un peu de cinoche :


La mort aux trousses, 1959/ De Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Eva-Marie Saint. Plus d’informations.

Sin City, 2005 / Réalisé par Robert Rodriguez, Frank Miller, Quentin Tarantino, Avec : tout plein d’acteurs connus. Plus d’informations.


Un peu de zik :

Elle a les yeux révolver / Marc Lavoine, 1985

3 commentaires:

Anonyme a dit…

un peu de psy a deux balles :
- tu te projettes dans un avenir radieux ( signe de reprise de confiance )
- tu deviens acteur de ton propre avenir
- tu te donnes les armes pour ta propre défense
- ton inconscient y rajoute les craintes d'enlèvement de ta mère !
- l'élément féminin commence a une présence forte dans cet avenir !

Doktor Papounet

Anonyme a dit…

entre james bond et jason bourne... mais tu devrais en faire un court, de celui-là, pke en te lisant je pouvais voir les scènes et même les lieux (à la fin, t'es à coté de Bercy face au POPB sur le pont, et le sniper te flingue depuis le metro quai de la gare sur la 6)... seulement davy crickett n'a pas d'antenne à Paname, et les moyens ne sont pas (encore) là non plus... faut attendre l'avènement de OUPA.TV ^^
sinon, gg, j'kiffe ton écriture (c pas nouveau) ^^

Baptistisime a dit…

Merci à tous pour ces chouettes commentaires.

2KS : Effectivement ça fait Jason Bourne, mais comme je n'ai pas vu les films, j'y ai pas pensé :/
Pour adapter ça en court ça ne parait effectivement pas très simple, mais pourquoi pas, à méditer^^

Enjoy !