jeudi 19 juin 2008

La contrainte

Chapitre premier : D’où vient la contrainte ?

Elle énerve, elle enchaîne, on voudrait s’en libérer et pourtant on ne peut lui échapper. La contrainte est une force qui s’applique sur les êtres humains et oriente leurs conduites à l’insu de ce qu’ils voudraient. Si ce syndrome sentimental qui résulte du fait de devoir faire ce qu’on ne veut pas est toujours un peu le même (agacement, lassitude…) les origines de la contrainte peuvent être très diverses. Les premières sont les lois de l’Univers et du vivant. Difficile d’aller à l’encontre de ce que dictent la nature et le hasard dans nombres de cas, avouons qu’un tronc d’arbre dévalant une pente dans notre direction à vive allure a tendance à décider à notre place de nos tout prochains mouvements, pas vrai.

En plus des contraintes (supra)naturelles citées à l’instant, n’oublions pas que la contrainte peut naître d’autrui. « L’enfer c’est les autres » disait l’autre. Il serait bon cependant de distinguer la contrainte induite par les autres de la contrainte induite par l’autre. Dans le premier cas je pense plutôt aux lois des hommes, les règles qui régissent la société. Dans le second, la force contraignante utilisée par une personne A pour obtenir d’une personne B que B adapte sa conduite selon le désir de A s’appelle pouvoir, et je n’en parlerai pas dans la démonstration de ma pensée aujourd’hui.

Enfin, la pire force contraignante correspond aux besoins de l’individu. Désirs et objectifs, idéaux et principes moraux ont souvent tendance à agir pour nous, même si cette contrainte qu’on pourrait qualifier de « personnelle » puisqu’infligée par l’Homme sur lui-même, découle souvent du type de contrainte décrit dans le paragraphe précédent.

Alors, avant de voir ce que fait la contrainte dans notre Univers, notons d’abord qu’elle en est un des piliers principaux. Le monde connu aurait une tout autre allure si l’électron de l’atome d’hydrogène n’était pas attaché de force au proton et au neutron. La matière n’existe que par diverses forces contraignantes. Sans la gravitation le vide serait encore plus vaste qu’il n’est et les astres se sentiraient bien seuls dans le vaste cosmos. Déjà un intérêt de la contrainte, mais peut être parait-il bien éloigné ?

Chapitre 2 : Pourquoi se prendre le chou ?

Si on s’approche un peu plus de nous, humains, la contrainte apparait comme une nécessité dans tous processus de construction. Je m’explique. Pensons d’abord à la physique mécanique où l’on voit que ce sont les forces de frottement qui permettent le mouvement de tout objet (dans le vide on ne peut pas marcher, sisi, je le jure !). C’est parce que la lune nous tombe en permanence sur la tête que nous avons un satellite naturel sans qui il n’y aurait point de marées. En architecture, l’équilibre d’une bâtisse n’est possible que grâce à des contraintes réciproquement imposées par les éléments de la structure les uns envers els autres, et qui doivent se compenser pour que l’édifice reste debout.

Par ailleurs, fonder une société, une famille, le problème reste le même : un objectif signifie un résultat, un résultat signifie les moyens mis en œuvre pour l’atteindre. C’est bien beau d’avoir du ciment, des briques, une truelle et un terrain constructible, ce n’est pas pour cela que le mur se dressera tout seul.

Pour ériger un beau mur, il faut un intermédiaire que sera le maçon, qui subira une contrainte pour mettre en œuvre les ingrédients invisibles que sont son savoir-faire, sa force de travail et le temps qu’il consacre à son ouvrage. Même s’il est le capitaine, et le plus contraint, il n’empêche que devront se soumettre à certaines contraintes les autres acteurs susnommés. Ca lui ferait une belle jambe au maçon, si la truelle se brisait ou si les briques refusaient de tenir en place !

Alors, dans cet univers bâtit autours de contraintes, et où les mortels sont bien souvent contraints à « bâtir » (ne serait-ce que pour leur survie), l’accomplissement de chaque projet passe par une quantité donnée de contrainte totalement incompressible propre à chaque tâche.

Exemple un : Tu as faim. C’est une certaine forme de contrainte imposée par ton organisme et les lois de la nature. Cette contrainte sera le moteur d’un projet : satisfaire la faim. Mais ce projet implique une autre forme de contrainte : « corvée de cuisine ». Deux cas de figure : sois tu acceptes cette activité contraignante et tout ce qu’elle implique, soit tu esquives, et dans ce cas il faudra faire avec la contrainte initiale « faim ».

Exemple deux : Ta piaule est en bazar, un vrai chantier insalubre qui fait que les champignons toxiques commencent à pousser ça et là, rendant la survie de tout être humain normalement constitué incertaine à brève échéance. Le même choix se présente. Dans le premier dénouement possible, tu prends ton courage et ton balais à deux mains, et tu te contrains au ménage. Bien. Dans le second cas, tu laisses filer, et là ton (ta) conjoint(e) t’engueule et prend le balai pour faire la corvée à ta place. On pourrait croire que la contrainte a « disparu », mais elle n’a effectué qu’un simple transfert d’une personne à l’autre.

Un peu à la manière de la loi capitale de la chimie « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme », la contrainte est incompressible. On ne peut que la convertir pour s’en débarrasser. Juste esquiver ne fera que la faire renaître sous une forme plus tard, ou la transmettra à quelqu’un d’autre, tout ça du fait qu’il y ait des projets et des besoins. Et comme tout nécessite un certain nombre de « points de contrainte » qu’il faudra fournir d’une manière ou d’une autre, impossible de se soustraire de la contrainte. Au contraire, la fuite est même une bonne matière de générer de la contrainte supplémentaire sous forme de frustration chez la personne qui se voit refourguer la contrainte d’autrui !

« L’enfer, c’est les autres ». La société peut être vue comme une prison, édifice stable s’il en est, qui tient debout grâce aux contraintes réciproquement imposés entre ses piliers que sont les membres qui la constituent. Faut-il s’évader de cette contrainte ou sommes-nous condamnés à perpét’ ? Quels rapports la contrainte et la liberté entretiennent-ils ?

Chapitre 3 : Contrainte et liberté :

Qu’on se le dise tout de suite : non seulement la contrainte est le moteur de nos réalisations, mais également une des clefs de notre liberté !

En effet, que serait la liberté si elle ne s’opposait à la contrainte ? Un peu comme droits et devoirs, bien et mal, ce genre de dualités éternelles entre concepts qu’on ne pourrait définir l’un sans l’autre, sans opposer l’un à son contraire.

Si tout se passait sans qu’on soit contraint à lever le petit doigt, où serait notre libre arbitre ? Notre sens critique ? Notre fierté à accomplir et à s’accomplir ?

S’il n’y avait aucune règle imposée par les lois de la physique, les lois de la nature et les lois des hommes, comment l’Homme pourrait-il être acteur de son environnement et à fortiori de son destin ? La vie serait « un long fleuve tranquille » où l’humain serait son propre spectateur, impuissant et asservi au hasard, au « déterminisme divin ». Les dieux soient loués, ce n’est pas le cas, et les contraintes de toutes sortes sont autant de lions qu’il nous est donné de dompter ! Sors ton chapeau et ta boussole, l’Univers est un terrain de jeu, jeu dont le but est de maîtriser les règles. Pour qu’il devienne passionnant ! Sans règle, un jeu serait bien vide de sens…

Qui dit jeu, dit stratégies et coups gagnants. Comment jouer malgré des règles imposées ?

Chapitre 4 : Contrainte et stratégies

Le jeu a assez duré. Ce que je vois aujourd’hui, c’est que la contrainte n’est pas à la mode. Tout en existant insidieusement, la contrainte des hommes essaye de se rendre invisible pour mieux vendre des idéaux de « liberté », de quiétude qui naitrait de l’affranchissement envers la contrainte. Alors, en relisant ce qui précède je me rends bien compte que ce serait illusoire, pourtant se plier à la contrainte n’a pas la côte.

On voit ainsi des stratégies d’évitement qui, en invoquant l’hédonisme, consistent à affirmer son pouvoir sur la contrainte en toute occasion. Le principe : celui de plaisir, de l’instantané. Moins de responsabilités liées à la construction, c’est moins de contrainte pour soi (après les autres ils font ce qu’ils veulent, s’ils se chopent les contraintes écartées lors de ce plan, tant pis pour eux. Ils avaient qu’à avoir la « pas prise de tête attitud’ »). Pourquoi s’embêter alors que nous sommes libres ? La vie est simple, pourquoi se prendre la tête ? Service minimum, et contentons-nous de notre médiocrité.

A l’inverse, on en voit des perfectionnistes/élitistes répondre à la contrainte de manière systématique. Responsabilités, construire et se construire passe par un labeur intensif. Il faut, il faut, il faut.

Si on devait dresser un bilan très personnel… je dirais qu’entre une attitude où on ne s’impose rien et où on sera ni fiable ni à même de faire dans le durable et une autre qui serait son opposée, il faut trouver le juste milieu. Quelqu’un qui accepte tout sans broncher et qui veut trop bien faire se ramassera forcément un jour ou l’autre, c’est l’archétype du pigeon trop bon trop con. Comme le nombre trois est mon nombre fétiche, voyons le 3e portrait possible. Si au lieu de rejeter systématiquement les contraintes, au lieu de les accepter sans discuter, on pesait le pour et le contre à chaque fois qu’une force contraignante pointait le bout de son nez ? Ca parait pas mal, non ? En fait ce personnage serait aussi pénible aussi, à vouloir toujours négocier ! Il serait moins prévisible que les deux précédents, mais il serait impossible à manœuvrer, et une telle conduite serait fatigante pour lui-même.

Je pense qu’il FAUT avoir une attitude raisonnée et pas extrémiste face à la contrainte. Certains besoins sont impératifs, certaines responsabilités doivent être assumées. D’autres choses ne valent pas le coup qu’on dépense le moindre brin d’énergie pour elles. A chacun de faire ses choix sur un sujet de Fil Eau beaucoup plus vaste : « Qu’est-ce qui importe VRAIMENT ? » Vaste programme, s’il en est. C’est une autre histoire. Allez, bonsoir les jeunes.

Docteur G.

La pensée psychanalytique du jour par Baptistisime : « Moi aussi je peux m’y mettre ! Tu veux quoi ? C’est pas mon problème ! Chacun sa merde ! Me prends pas le chou ! Va mourir ! Mwhahaha ! »

2 commentaires:

Somberlord a dit…

Tiens, c'est bizarre, mais comme je m'en doutais, c'est super long et incomprehensible, donc j'ai pas le temps de tout lire avant d'aller bosser. Et oui, encore une contrainte de mierdasse

Anonyme a dit…

Hé oui la liberté n'existe pas, même les particules élémentaires sont soumises à des lois...
Cependant, concernant notre fonctionnement d'humains, on a toujours le choix (cela dit les choix possibles diminuent avec le temps : la vie est une succession de renoncements).

Le juste milieu, juene scarabée, la voie du juste milieu...

Personnelement, je me sens bien quand j'effectue des tâches que j'estime "nécessaires"... J'aime les choses optimisées "naturellement" (et non pas de manière obessionnelle comme ces gens qui perdent plus de temps et dénergie à ranger leur bureau qu'à en profiter)

A+++